Dans cet entretien, le premier responsable de la plus puissante association patronale aborde la question du foncier industriel. Il considère que les dernières mesures gouvernementales, facilitant l'accès aux terrains, au profit des opérateurs pour leurs projets constituent une avancée. Liberté : M. Hamiani, en tant que chef d'entreprise et président du FCE, pensez-vous que les contraintes sur le foncier industriel sont levées (à la suite des dernières décisions prises en Conseil des ministres le 22 février dernier) ? Réda Hamiani : On ne pourra se prononcer valablement qu'une fois qu'on verra l'application concrète en faveur des entrepreneurs, pour connaître dans le détail comment accéder à ce foncier, à quel prix et à quelles conditions. Ceci étant dit, nous saluons les récentes mesures parce qu'elles constituent une avancée sur deux plans. Fondamentalement, le problème du foncier est une question d'offre. S'il y a eu beaucoup de distorsions, beaucoup d'envolées des prix, c'est parce que l'offre a été insuffisante, en tout cas mal gérée. Il semblerait même que dans certaines régions il y ait du foncier qui n'a pas été attribué. En gros, l'offre est une question primordiale. Donc le fait de créer 30 zones industrielles supplémentaires (nouvelles, ndlr), pour nous ça va dans la bonne direction. Que pensez-vous des (nouvelles) facilités d'accès au foncier industriel offertes aux entreprises ? Ce deuxième point constitue également une avancée, c'est comment casser la spéculation, le côté spéculatif des prix. Pour quelles raisons ? Parce qu'on a décidé des abattements de 90% pendant 3 ans et de 50% pendant 3 ans encore. Donc le prix d'accès aux terrains du domaine privé de l'Etat sous forme de concession va être extrêmement compétitif et attractif. Donc ça aussi c'est une bonne mesure. C'est réellement là une bonne politique. L'accès au foncier industriel est encouragé dans les Hauts-Plateaux et le Grand Sud : quelle est votre appréciation à ce propos ? Ce qui nous gênait précédemment c'est que c'est la même réglementation s'appliquait au Nord, où il existe une tension que tout le monde admet, alors que dans le Sud, il n'y a personne pour souhaiter investir. Donc ça nous choquait d'avoir une même réglementation qui concernait les deux parties de notre pays. Maintenant qu'il est question de concéder des terrains au dinar symbolique, c'est absolument positif et ça nous convient. On pense que de cette façon, on va inciter les investisseurs à s'implanter ailleurs qu'à Blida, Oran, Annaba ou Alger. Donc c'est une bonne chose et on aimerait que cela soit suivi d'effets, avec la possibilité d'avoir des zones industrielles dotées de gaz, d'électricité et d'eau. L'autoroute Est-Ouest va d'ailleurs faciliter l'accès. Maintenant, on a fait le constat : aller à Aïn Defla, par exemple, prend à peu près une heure et demie. C'est exactement le temps qu'on met pour aller d'Alger à Rouiba, avec tous les embouteillages. Donc franchement, cette autoroute va être le vecteur essentiel d'une implantation de zones industrielles tout au long de cet axe est-ouest.