Les chercheurs exilés “volontaires” et ceux qui les suivront certainement n'auront en fin de compte pas tort lorsqu'une simple participation à un colloque à l'étranger est soumise à la volonté bureaucratique d'un administrateur. Quelle peut être la perception de l'avenir d'un étudiant devant un tel spectacle ? À peine la reprise, l'université ne semble pas s'être calmée après la trêve. Les assemblées générales ont dégagé une tendance lourde à la poursuite de la grève au moment où le ministre inaugurait un pôle à Tlemcen. Il ne sortira de cet événement que des chiffres à la manière d'un catalogue vantant l'effort de l'Etat, alors qu'au même moment la tension dans les autres universités n'a pas baissé. Bien au contraire, une majorité d'étudiants campe sur ses positions et refuse l'ersatz que leur a prescrit la Conférence nationale. Démocratiquement, les étudiants ont voté leur option, et en rejetant les passerelles et autres gués pour faire cohabiter quelques années encore les deux systèmes, ils mettent sur la table le véritable problème de fond de l'enseignement supérieur dans le pays. Pourquoi avoir choisi le système LMD ? Quelle étude a diagnostiqué les tares du système classique ? N'y a-t-il que l'alternative du LMD ? Ce choix unilatéral n'est qu'une étape du processus de dérive entamé depuis des années qui a poli l'université et dégarni son potentiel créatif. Les chercheurs exilés “volontaires” et ceux qui les suivront certainement n'auront, en fin de compte, pas tort lorsqu'une simple participation à un colloque à l'étranger est soumise à la volonté bureaucratique d'un administrateur. Quelle peut être la perception de l'avenir d'un étudiant devant un tel spectacle ? À l'image du système éducatif, l'université constitue un prolongement naturel d'orientations aléatoires qui, pourtant, ont fait, ailleurs, toutes les preuves de leur échec. Cela dévoile et éclaire surtout sur l'incompétence des préposés à l'élaboration de la politique de l'enseignement supérieur, qui ne mesurent pas, a priori, les désastres auxquels ils exposent des générations de bacheliers, quand bien même le bac est réduit à une simple “politique de quotas” dont tire fierté le ministre. Le volume des dossiers de recherche, le nombre d'étudiants qui ratent le cap de la première marche, le malaise constant, les conditions sociopédagogiques… contredisent les chiffres officiels sur les taux, les réalisations et les efforts de l'Etat. Ce qui donne inévitablement l'état de l'université d'aujourd'hui. D. B.