Le président Bouteflika reprend son bâton de pèlerin pour sillonner le pays et inaugurer des projets d'envergure, au moment où la contestation sociale atteint son paroxysme et les appels au changement du système se multiplient. La dernière sortie du président remonte à octobre dernier, où il avait présidé, à Ouargla, l'ouverture de l'année universitaire et inauguré certains projets sociaux, par la même occasion. Face aux mouvements de protestation, le chef de l'Etat est resté silencieux, voire effacé, laissant l'impression d'avoir perdu la main. C'est donc une façon pour lui de répondre à ses détracteurs par les actes, en choisissant des projets ”parlants” à l'image du “projet du siècle” du transfert d'eau entre In Salah et Tamanrasset sur une distance de 750 kilomètres. Ce projet, dont le coup d'envoi a été donné par le président Bouteflika en janvier 2008, vient d'être livré et le chef de l'Etat “boira de son eau” aujourd'hui, pour confirmer qu'il tient ses promesses. Il est vrai que le projet, dont le coût global est estimé à 197 milliards de dinars, est beaucoup plus destiné à garantir l'alimentation en eau potable pour Tamanrasset, en prévision de son développement. En effet, pour le moment, la demande actuelle se situe entre 15 000 et 20 000 m3 par jour, mais à l'horizon 2040, la ville devrait compter 400 000 habitants et nécessiterait quelques 100 000 m3/jour. Ce “projet du siècle” aura sa stèle qu'inaugurera le président Bouteflika. “Illamane”, signifiant en targui “il y a de l'eau”. Tout un symbole. Pour la suite de la courte visite, le chef de l'Etat devra inaugurer le tronçon de la Transsaharienne, entre Tamanrasset et In Guezzam sur une distance de 420 kilomètres. Il devra également inaugurer le pôle urbain Adriane, composé de 1 028 logements ainsi que les équipements socio-éducatifs qui l'accompagnent. En somme, une visite-éclair où le chef de l'Etat devrait rencontrer les notables de la région, à un moment où les régions du sud connaissent un mécontentement palpable, à l'image de ce qui s'est passé à El-Oued et qui a nécessité une réunion entre le ministre de l'Intérieur et les notables du sud, ou encore la dernière sortie des notables de la wilaya d'Illizi dénonçant leur exclusion de cette réunion et rappellant le rôle qu'ils ont, de tout temps, joué pour la stabilité de la région et la résolution des conflits entre tribus. Le président Bouteflika pourrait saisir sa visite pour rassurer les notables de tout le sud, quant à l'engagement de l'Etat en vue de poursuivre ses programmes de développement au bénéfice de la région, mais aussi de compter sur les notables qui constituent le lien entre le pouvoir central et les populations locales. Azzeddine Bensouiah Et Louiza Ammi