Malgré la mobilisation de dizaines de policiers venus les empêcher de marcher au niveau des artères de la ville, des centaines d'étudiants de l'université de Boumerdès ont finalement réussi à tenir leur marche qu'ils avaient programmée tôt le matin. La marche s'est ébranlée de la résidence universitaire des filles de la cité des 800-Logements vers 12h pour aboutir, une heure plus tard, devant le siège du rectorat. Aux cris de “Harraoubia dégage”, “Nous sommes des étudiants non des voyous”, ou encore “Halte à la répression”, les manifestants ont tenu à exprimer leur rejet des travaux et résolutions de la dernière Conférence nationale organisée par le ministère de l'Enseignement supérieur. Ils jugent que ces rencontres ont été tenues avec des représentants d'organisations proches du pouvoir et non pas avec les vrais délégués des universités du pays. “Les résultats de ces réunions sont nuls et non-avenus”, affirme un étudiant. Un autre ajoute que “le flou persiste et le ministère ne veut pas apporter de la clarté”. Un autre étudiant crie de toutes ses forces : “Nous sommes là pour notre avenir pas pour autre chose.” Les étudiants n'ont pas manqué de fustiger, encore une fois, le ministre, M. Harraoubia, suite à ses dernières déclarations. “Les revendications des étudiants sont d'ordre pédagogique et scientifique et n'ont rien à voir avec la politique”, affirme un groupe d'étudiants de la faculté de l'Inim. Les protestataires ont tenu à réitérer leur rejet de toute tentative de récupération de leur mouvement. “Nous agissons en tant qu'étudiants libres et autonomes”, indique un étudiant, le haut-parleur à la main. Et de préciser : “Nous ne faisons partie d'aucune organisation ni comité et nous n'avons rien décidé encore.” L'allusion est faite à un groupe d'étudiants qui a déclaré, lors de cette manifestation, qu'une marche nationale des étudiants se tiendra le 12 avril à Alger et sera ponctuée par un rassemblement devant le Palais du gouvernement. Mais, les étudiants étaient d'accord sur l'essentiel, à savoir le maintien de leur mouvement de protestation. “Sur la forme, nous allons nous concerter pour décider des démarches à entreprendre”, dira un étudiant de l'ex-INH. Par ailleurs, un autre rassemblement d'étudiants a eu lieu devant la faculté de l'ex-Inim. Ici aussi des slogans ont été brandis, dénonçant la situation que vit l'Université algérienne. “L'université est une industrie qui sert à alimenter le marché national de la pensée de la nation”, lit-on sur une de ces banderoles. À noter que la marche a été empêchée durant plus de trois heures par des dizaines de policiers. Des heurts se sont produits entre les étudiants, très déterminés, et les forces de police, mais aucun blessé n'a été enregistré parmi les manifestants ni les policiers. Finalement, la police cède à la détermination des étudiants qui ont réussi à organiser leur marche. M. T.