Encore une fois, l'université de Tizi 0uzou a été secouée par une autre action de protestation. Hier, les étudiants ont décidé d'investir carrément la rue. Ainsi, dès la matinée, des centaines d'étudiants se sont massés devant la cité universitaire de Oued Aïssi, à cinq kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. C'est aux alentours de 9 heures que la procession humaine s'est ébranlée tout au long de la RN12. Les étudiants ont marché jusqu'au siège de la wilaya de Tizi Ouzou, en scandant des slogans hostiles à 1'administration et en dénonçant le climat d'insécurité, régnant, selon eux, à l'intérieur des cités universitaires de l'université Mouloud-Mammeri. Environ 5500 étudiants dont 2500 jeunes filles, sont concernés par l'action de protestation observée hier. Le slogan générique prôné par les étudiants-marcheurs a été «pour une véritable université à Tizi Ouzou». La marche a été initiée par le comité des cités de Oued Aïssi. Selon les protestataires, marasme social et intellectuel, restriction des espaces et des libertés, harcèlement judiciaire, terreur et insécurité font le quotidien des étudiants. Dans une déclaration rendue publique à la fin de la marche, les étudiants soulignent que les «dirigeants et les juges savent se montrer sévères à l'égard d'un étudiant, d'un journaliste et d'un syndicaliste, mais ils se montrent, en revanche, discrets et cléments envers les agresseurs et les voyous». Pour les étudiants, les résidences universitaires de Oued Aïssi, «abandonnées par la tutelle, sans prise en charge effective, sont devenues de véritables bidonvilles où les délinquants, les voyous de tous bords rôdent en toute quiétude, ne se gênant point de menacer, voire d' agresser les étudiants». Les concernés ajoutent que cette situation «dévastatrice dans laquelle pataugent les résidents, depuis des année, n'est que le résultat d'un désengagement total de l'Etat». Dans la même déclaration, les protestataires expliquent que l'étudiant se trouve prisonnier d'une administration qui se désintéresse de son devenir et refuse de réunir les conditions sociales, matérielles, intellectuelles et pédagogiques nécessaires pour la réussite de ses études. «Aussi, otage d'un système de direction des oeuvres sociales bien ficelé et parfaitement adapté aux demandes du couple, corrompus/corrupteurs, il se heurte à un iceberg d'intérêts sordides qui lui rendent son cursus encore plus désagréable», enchaîne le comité des étudiants dans sa déclaration.