Hier, l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou était en effervescence. Les étudiants en masse se sont rassemblés dans l'enceinte de Hasnaoua I pour protester contre l'arrestation de quatre étudiants de Tizi Ouzou, partis à Alger porter le soutien de l'université de Tizi Ouzou, à leurs collègues de Ben Aknoun. Devant le rectorat, les étudiants étaient nombreux et, silencieusement, ils sont venus montrer leur soutien et leur colère devant ce qui s'était passé à Alger. Il semble que les forces de sécurité aient forcé les franchises universitaires et procédé à l'arrestation d'une quarantaine d'étudiants dont deux filles. Tôt hier matin, les protestataires se tenaient devant la tour du rectorat avant de sortir dans la rue adjacente et d'y tenir un sit-in. L'action, qui a duré près d'une demi-heure, s'est finalement déroulée dans le calme. Durant le sit-in, la rue séparant le campus de Hasnaoua I et le biomédical était complètement bloquée. Accrochées au portail de Hasnaoua I, des banderoles affichaient l'ire des étudiants: «Halte à la répression!» et «Pour la libération de nos camarades!» ou encore «L'Algérie de 2005 n'est plus celle de 1962!», comme le proclamait cette banderole accrochée au-dessus de la bibliothèque de Hasnaoua I. C'est dans la nuit de lundi à mardi que le comité des étudiants s'était réuni pour décider de cette action, qui est voulue comme une action pacifique de protestation. D'ailleurs, la police s'est fait très discrète. Devant les amphithéâtres vides d'étudiants, les professeurs semblaient attendre que les choses se décident. Les responsables estudiantins disent que «tout est bloqué» pour aujourd'hui. Les restaurants universitaires seront donc apparemment désertés. Une étudiante rencontrée sur les lieux dira que «normalement, les étudiants devraient se déplacer à Alger pour apporter un réel soutien aux interpellés. Certes, c'est important de faire de telles actions, mais encore faut-il que des délégations se rendent à Alger». Les étudiants demandent que ces actions improvisées soient coordonnées avec celles d'Alger et souhaitent que toutes les universités du pays réagissent face à ce qui est considéré comme une atteinte aux franchises universitaires, ils demandent également la libération des étudiants arrêtés à Alger. L'interpellation des étudiants à Alger et l'incarcération à El Harrach de l'étudiant Hamitouche Merzouk ont été très mal appréciées par la communauté estudiantine de Tizi Ouzou. Aussi, l'université Mouloud-Mammeri se déclare-t-elle mobilisée pour apporter son aide et son soutien à Alger-Ben Aknoun, et réclamer ainsi l'élargissement des étudiants interpellés. Comme on souligne que des étudiants de l'université Djillali Lyabès sont maltraités et chassés de leur résidence universitaire. Une pétition des collectifs des étudiants autonomes de l'université d'Alger, dénonçant les intimidations et les violations des franchises universitaires, est d'ailleurs en circulation à Tizi Ouzou, dans les milieux universitaires. La pétition exige la libération sans condition des étudiants interpellés.