“Je passerai te voir entre 14 et 17 heures.” Vous remarquerez que c'est précis. Tellement précis que vous ne pouvez pas bouger pendant trois heures, au risque de rater le rendez-vous. Votre compteur vous sera installé la semaine prochaine ! Pendant tout ce temps, vous ne devez pas baisser le rideau. Les installateurs peuvent passer n'importe quel jour de la semaine. Si par malchance, ils ne trouvent personne, ce ne sera pas de leur faute. Votre compteur, c'est le cadet de leurs soucis. Vous serez donc dans l'obligation d'attendre un autre rendez-vous aussi précis que le précédent. Cela fait huit mois que vous attendez votre chéquier ? Bof, ce n'est rien, vous répondra-t-on ! Il y a des clients qui en ont fait la demande bien avant vous et qui attendent encore. C'est normal. Soyons patient ! Avant l'heure, ce n'est pas l'heure, et après l'heure, c'est “Allah ghaleb”. Mais il semblerait que la race pointilleuse sur les horaires se fasse de plus en plus rare. Surtout dans le monde mystérieux et inviolable de la bureaucratie. En effet, le parfait bureaucrate est celui qui n'arrive jamais à l'heure et qui sort avant l'heure. La notion du temps, ça fait belle lurette qu'elle a quitté les lieux où l'on gère nos affaires et nos destinées. La ponctualité est une qualité qui n'a plus cours dans nos institutions où le service public n'est plus soumis aux exigences des horaires. C'est une carence qui gagne du terrain. Les guichets de certaines administrations font de la ponctualité un ennemi à abattre. En théorie, huit heures du matin est toujours l'heure où les services publics doivent en principe se mettre en branle. C'est loin d'être le cas. Les personnels administratifs et autres agents affectés aux guichets sont davantage enclins à respecter scrupuleusement la maxime qui dit : “Pas trop vite le matin et doucement le soir.'' Mais alors, pourquoi perdre du temps, à vouloir en gagner ? NADIA AREZKI [email protected]