Plus d'une centaine d'étudiants du système classique de l'Ecole d'architecture de l'Usto ont marché, hier matin à Oran, pour dénoncer les dernières mesures du ministre de l'Enseignement supérieur qui prévoit l'annulation, au terme de leurs cinq années d'études, du diplôme d'ingénieur d'état, qui ne sera maintenu qu'au seul profit des grandes écoles, sans compter leur déclassement dans l'échelle de la Fonction publique. Ainsi, après plus d'un mois de grève, ces jeunes étudiants, avec le sentiment de frustration et de mépris, ont décidé de sortir dans la rue. Partis de l'Ecole d'architecture à 10h du matin, une centaine d'étudiants ont entamé leur marche en criant : “étudiants en colère, Harraoubia sans compétence, marche pacifique, non au statut de la honte…” Au bout d'un moment et alors que la procession des étudiants se faisait sans encombres au milieu de la chaussée, les premiers policiers alertés ont tenté de les bloquer. Mais peu nombreux, ils furent vite dépassés par la fougue juvénile des étudiants bien décidés à se faire entendre et à extérioriser leur colère. En passant par le quartier de l'Usto, à la périphérie de la ville, les passants suivaient et acquiesçaient de la tête : “Ils ont raison ! Quel avenir vont-ils avoir ?”, dira un père de famille. Au niveau du principal rond point de l'Usto, là où se trouvent les sièges des directions des administrations et des société privées, les étudiants sont bloqués par des véhicules de police venus en nombre. Ne pouvant plus progresser, ils décident alors de s'asseoir tous à même le sol au milieu de la chaussée, brandissant leurs cartes d'étudiants aux cris de : “étudiants pacifiques, étudiants en colère, étudiants d'architecture mahgourin !” Au bout d'une heure, les renforts des CRS arrivent. à peine descendus du fourgon, ces derniers se précipitent sur les jeunes étudiants qui recevront une avalanche de coups de pied et de coups de poing, sans oublier les insultes. Plusieurs étudiants sont brutalement extirpés et tirés par leur veste, les bras et les jambes et traînés ainsi sur le sol sur plusieurs mètres pour être embarqués violemment dans un fourgon de police. Un étudiant coincé contre un parapet fera les frais de la brutale intervention d'un agent de police. Certains étudiants et étudiantes tentent de se protéger les uns les autres des coups ou bien tentent d'échapper aux prises des policiers, car certains d'entre eux d'un coup de ciseau dans les jambes, les font basculer sur le sol lourdement : “Pourquoi nous frapper et nous insulter nous sommes pacifiques…”, lâche en larmes une étudiante. Alors qu'il y avait déjà eu entre 5 et 8 interpellations, un agent des CRS ordonnera aux automobilistes et aux bus bloqués jusqu'ici, de passer en leur faisant signe d'avancer au moment où les étudiants se trouvaient à même la chaussé. D'ailleurs, une jeune fille a été légèrement bousculée par un véhicule provoquant encore plus de confusion et la colère des étudiants. Des riverains ont été consternés de voir que les véhicules poussés par les agents fendaient sur les groupes d'étudiants au risque de voir plusieurs d'entre eux fauchés. Des journalistes et des photographes présents sur les lieux, notamment ceux qui photographiaient et filmaient les scènes de l'intervention policière, ont été intimidés pour tenter de leur prendre les appareils ou de les empêcher de filmer. Un journaliste d'El Watan se fera même prendre son ordre de mission. Quant à la scène des véhicules fonçant sur les étudiants, un commissaire justifiera cette situation par le fait qu'ils encombraient la voie publique. Non démontés pour autant, les étudiants se regroupèrent par la suite sur le trottoir tentant cette fois de rallier le commissariat des HLM pour demander la libération de leurs camarades. Ce qui sera fait au bout d'un moment et c'est toujours très encadrés par les véhicules de police que les étudiants rejoignirent leur campus en fin de matinée. D. LOUKIL