Cela fait plus d'une semaine maintenant que les universités et instituts d'Oran sont paralysés par le mouvement de grève des étudiants, qui a pris la forme du blocage des accès aux campus. Que ce soit à l'Usto, à l'IGCMO, à Es-Senia comme à l'ex-IAP et l'IGMO ou encore à l'Institut national des télécommunications, le constat est partout le même : le durcissement de la protestation des étudiants qui campent sur leur position, à savoir l'annulation des dispositions du “décret de la honte n°10-315”. Mais ces derniers jours ont été marqués par des incidents survenus au niveau de l'Usto, puisque deux étudiants ont été agressés, nécessitant l'intervention de la police appelée par l'administration. Ainsi, l'agression a été perpétrée par un agent de sécurité de cette même université qui assénera un coup de tête au visage d'un jeune et utilisera une chaîne pour s'en prendre à un autre, comme l'ont témoigné leurs camarades. Auparavant, une autre forme d'intimidation, émanant aussi d'un agent de sécurité, provoquera la panique parmi les étudiants rassemblés devant les portes de l'Usto, en faisant mine de foncer sur eux avec un véhicule. Cette montée de tension à l'Usto a été encore entretenue par des membres de l'Ugel, évincés comme représentants des étudiants, qui tentent d'opposer des étudiants du LMD à leurs camarades inscrits dans l'ancien système sans mesurer, semble-t-il, la gravité de leurs actions. Par ailleurs, les étudiants grévistes d'Oran viennent de recevoir l'appui de nombre d'enseignants ainsi que du nouveau syndicat appelé Coordination des enseignants du supérieur solidaire (ex-Cnes), qui se déclarent solidaires à l'échelle nationale des étudiants et d'aller dans le même sens en déclarant cette solidarité “fondée sur notre refus de l'alignement absurde entre le master et le magister ainsi que la différenciation entre diplôme master et ingéniorat”. D'autres universités dans l'ouest du pays sont également touchées par ce vaste mouvement de protestation comme c'est le cas à Tlemcen, où les étudiants de première et deuxième années de l'école préparatoire “sciences et techniques” de l'université Abou Bakr-Belkaïd poursuivent leur grève illimitée. à l'entrée de l'université, ils ont déployé une grande banderole avec l'inscription “diplôme sous évalué”, et ce, pour attirer l'attention sur leurs revendications “dont le retrait immédiat de tous les textes à l'origine de cette situation, l'adoption d'un décret spécifique aux écoles hors universités, des mesures urgentes pour préserver l'intégrité de cette école et la prise en charge sérieuse des élèves des classes préparatoires”. à Mostaganem, deux facultés, celles des langues et des sciences et de la technologie, ainsi que l'institut des travaux publics, soit la moitié des sites composant le campus de la ville, étaient paralysés, hier, par les étudiants suivant les cursus d'ingénieur et de licence classique. Appuyant les revendications de leurs camarades des autres universités d'Algérie, concernant la reconduction du diplôme d'ingéniorat et de magistère, des groupes d'étudiants, affiliés ou non structurés dans les organisations estudiantines, se sont substitués aux agents de sécurité pour filtrer les accès aux sites en grève. Ainsi, était refusé l'accès aux enseignants et au personnel administratif, l'admission à l'entrée étant exclusivement autorisée aux étudiants. Par ailleurs, les étudiants étaient des centaines à battre le pavé, hier après- midi, dans les rues de Béjaïa. Ils ont entamé leur marche depuis la cité universitaire Targa-Ouzemour vers le siège de la wilaya. L'action a été décidée à l'issue de leur assemblée générale, tenue dans la matinée d'hier. Ils réclament l'abrogation en urgence du décret n°10-315 du 15 décembre 2010 modifiant et complétant le décret n°07-304 du 29 septembre 2007 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Mais, surfant sur la vague de protestation en cours, ils exigent, contre toute attente, “le départ du système”. C'est, du moins, ce qu'ont répété à tue-tête les différents intervenants, qui se sont relayés au micro lors du meeting improvisé devant le siège de la wilaya : “Nous voulons un changement radical du système.” Et comme ils ne comptent pas s'arrêter là, ils ont appelé à une autre marche, prévue aujourd'hui. La procession partira du campus Aboudaou vers les quatre chemins.