La ville de M'sila, berceau du père de la Révolution de Novembre 1954, Mohamed Boudiaf, s'apprête aujourd'hui à recevoir le président de la République. Hier, hormis les rebords des routes fraîchement repeints, le grand nombre de drapeaux et de portraits du président Bouteflika qui ornent la capitale d'El-Hodna, rien n'indique qu'elle est sur le point de recevoir la visite d'un hôte de marque. Les citoyens ne sont pas animés par une fébrilité particulière. Ils vaquent normalement à leurs occupations. Aujourd'hui donc, il se rendra à Boussaâda, la cité du bonheur, pour inaugurer certains projets (des écoles primaires, un lycée, alimentation en gaz naturel, un stade, logements sociaux…). Incontestablement, la station la plus importante du Président à Boussaâda est la zaouïa El-Hamel. Un choix pas tout à fait fortuit. Surtout qu'elle exerce une influence notable sur les habitants. Elle pourrait peser de tout son poids lors de la prochaine élection présidentielle. “Qui aura cette zaouïa s'assurera le soutien de la population”, nous dira un citoyen. C'est dire que le calcul électoraliste n'est pas absent dans ce recueillement dans ce haut lieu de culte. De Boussaâda, il regagnera M'sila où il s'adonnera au même rituel inauguratif d'établissements scolaires, de logements sociaux… Pour ce qui est de sa virée à la cimenterie d'Orascom, il semble qu'elle a été annulée. La cause ? Il semble que les habitants veulent protester contre le recrutement en dehors de leur wilaya. Mais en parcourant, hier, la ville de M'sila, les citoyens ne semblent pas tout à fait enthousiastes à réserver un accueil des plus chaleureux. À moins que, pour les besoins de la cause, on dépêchera des communes périphériques ceux qui vont applaudir l'hôte du jour pour sauver la face. À croire un militant du FLN, les citoyens de la région désapprouvent les agissements du Président-candidat dans l'affaire du FLN. N'empêche, selon les animateurs locaux du mouvement de Belkhadem, que des responsables locaux du FLN s'apprêtent à recevoir le président de la République. D'ailleurs, le mouhafedh de M'sila, Maâtouk Abdelmadjid, qui a reçu les journalistes dans son bureau, a soutenu : “Nous nous félicitons de cette visite du président de la République. Elle nous honore beaucoup. D'ailleurs, nous avons participé à sa préparation sur le terrain. Au FLN, nous faisons la différence entre la compétition politique et la visite présidentielle.” Abordant la crise que vit, ces derniers mois, son parti, il a soutenu qu'à M'sila les “redresseurs” (il leur préfère le qualificatif de “dissidents”) ne représentent pas grand-chose. “Leur plus grande majorité est issue des autres partis”, accuse-t-il. “En juin dernier, j'ai reçu la visite de certains frères qui veulent discuter avec moi. On m'a dit qu'ils veulent récupérer le siège de la mouhafadha.” D'autres militants, rencontrés à la mouhafadha, étaient plus loquaces. Sans ambages, il désigne du doigt des militants des autres partis, le RND, le FNA et le RUN en l'occurrence, d'être les principaux animateurs. Ce sont des candidats qui se sont présentés lors des précédentes élections. Leur point de ralliement : un local commercial d'un militant du RND. Leur tête pensante : un tout nouveau débarqué dans les rangs du parti. Il fait partie des 22 membres de l'instance exécutive provisoire du mouvement de “redressement”. Pour un militant, ce fonctionnaire du Conseil de la nation est né et a vécu au Maroc. On l'a surpris dans une cabine téléphonique en train de contacter le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat. Il lui a dressé un faux état de la situation prévalant dans notre wilaya. Mais à M'sila, le parti de Ali Benflis semble avoir la situation en main. A. C.