En cette fin du mois d'août, la ville de Béchar sort subitement de sa morosité et torpeur de l'été en se préparant à accueillir le chef de l'Etat aujourd'hui. La visite du président Bouteflika dans la wilaya est cependant précédée d'intenses préparatifs. Une fébrilité inaccoutumée s'est emparée de la capitale de la Saoura depuis l'annonce de cette visite, il y a une semaine. Le chef-lieu de wilaya est pavoisé aux couleurs nationales. Les rues ont été débarrassées de toutes sortes d'ordures et gravats qui enlaidissaient la cité. Les quartiers qui ont la chance d'être situés à proximité du passage du cortège présidentiel ont été nettoyés. Même les bords et rebords des trottoirs repeints ont été rendus propres. Certaines voies de communication du centre-ville ont été bitumées au grand bonheur des automobilistes et passants qui souhaitent la poursuite de cette opération inhabituelle de nettoyage dans les autres cités délaissées. Mais sur l'essentiel de la visite du président Bouteflika, on croit savoir qu'il prononcera à la salle omnisports située à Debdaba un important discours sur son projet de la charte de réconciliation et de la paix. A travers ce pèlerinage dans la région de Béchar effectué dans le but de convaincre les citoyens de voter massivement en faveur du référendum le 29 septembre prochain, le projet présidentiel suscite ici des réactions diversement appréciées par la population locale qui réserve de larges commentaires à cette question qui divise comme ailleurs de nombreux Algériens. Bien que relativement épargnée par le terrorisme intégriste dans les années 1990, la wilaya ne compte pas moins de nombreuses victimes de cette barbarie. Les citoyens de Béchar se souviennent plus particulièrement de la spectaculaire et sanglante tuerie de 29 personnes qui voyageaient dans un autocar assurant la liaison Béchar-Oran, survenue près de Beni Ounif l'été 1999. Pour certains, il n'y a pas d'autre alternative que la réconciliation nationale pour arriver à la paix. Pour d'autres, les plaies sont encore vivaces et il est prématuré de parler de paix, de pardonner à des assassins qui ont sur la conscience des crimes abominables et pris des armes contre la nation tout entière pour détruire les institutions de l'Etat et imposer une idéologie étrangère aux valeurs et aspirations du peuple. Une déchirure qui tiraille les Algériens.