De nombreux enfants de chouhada, issus de plusieurs wilayas du pays, se sont retrouvés, avant-hier matin, à la maison de jeunes d'Ouzellaguen (Béjaïa), à la faveur d'une réunion préparatoire pour la tenue prochainement de six pré-congrès régionaux au titre des Wilayas historiques, et ce, en prévision de l'organisation d'un congrès national rassembleur et unificateur des rangs. Des membres de l'Onec, Cnec, FEC, FFC et des enfants de chouhada indépendants, venus de plusieurs régions, notamment des Aurès, de Kabylie, de Chlef, Médéa, Aïn Defla, Mostaganem, Tlemcen, Biskra… ont tenu à être présents à la rencontre d'Ifri-Ouzellaguen. Le choix de cette commune historique, qui a payé un lourd tribut durant la Révolution algérienne, avec ses 1 500 martyrs et plus de 700 veuves, n'est certainement pas fortuit. “C'est ici que nous allons jeter les premiers jalons de notre future entité. C'est vraiment un honneur pour notre commune d'accueillir une telle initiative qui s'inscrit dans le cadre de la continuité de l'esprit de Novembre et du message de la Soummam. En fait, c'est une manière de réaffirmer notre attachement et notre fidélité aux principes du congrès de la Soummam”, s'enorgueillit Arezki Aoudia, fils de chahid, natif d'Ouzellaguen, faisant allusion au rôle qu'avait joué sa commune durant la guerre de Libération nationale, qui avait, pour rappel, abrité les travaux du congrès de la Soummam, un certain 20 août 1956. Lors de cette réunion, à laquelle ont été conviées certaines figures historiques, à l'image de l'infatigable colonel en retraite, Dellis Abdallah, ancien maquisard originaire de M'chedallah (Bouira), plusieurs participants ont pris la parole pour souligner les objectifs assignés à ce nouveau cadre organisationnel qui se veut être autonome vis-à-vis du pouvoir et de tout courant partisan ou non partisan. Certains intervenants, visiblement outrés par les tiraillements, l'égoïsme et l'opportunisme qui minent les structures des différentes organisations déjà existantes (Onec, Cnec, etc.), ont tenu à dénoncer les dérives des responsables et autres membres accusés de complaisance avec le pouvoir en place. “Nous devons nous démarquer de cette vocation qui consiste à faire de ces organisations des syndicats revendicateurs de biens sociaux. Nous déplorons l'état d'indigence et de délaissement dans lequel se trouvent nos organisations du fait de l'incapacité de leurs directions respectives. Comme nous demandons aux parties concernées de lever toute paternité ou tutelle à l'égard des enfants de chouhada, de les laisser décider librement de leur destin et de participer à la sauvegarde des libertés et au redressement du pays”, ont-ils clamé. Exigeant la révision de l'ensemble des textes de loi relatifs aux droits des familles de chouhada, qualifiés de “simples effets d'annonces à caractère publicitaire”, les conclavistes d'Ifri-Ouzellaguen réclament haut et fort “la nécessité de promulguer une loi portant criminalisation du colonialisme”. “Suite à notre évaluation de la situation peu reluisante à laquelle sont parvenues nos organisations et leurs déviations, considérant les principes et valeurs pour lesquels se sont sacrifiés les chouhada, et partant de notre responsabilité historique à cet égard (…), nous, membres de la Commission nationale pour le redressement du parcours de chouhada, avons décidé de constituer un front uni avec l'ensemble des nationalistes en vue d'œuvrer à la défense du contenu et des principes énoncés dans notre plate-forme de revendications, jusqu'à ce qu'ils soient réalisés sur le terrain”, lit-on dans le communiqué de la conférence nationale du 19 mars dernier, dessinant les premiers contours de cette nouvelle synergie. Pour les partisans de ce projet, cette initiative pourrait constituer le socle sur lequel seront bâtis l'individu et la nation ainsi que la voie la plus sûre pour assurer la défense de la mémoire des chouhada, garantir la continuité de l'esprit de Novembre et, enfin, asseoir les bases du projet de société contenu dans la Charte de la Soummam, prônant l'instauration d'une véritable République démocratique et sociale. KAMEL OUHNIA