Le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, est, depuis hier, à Alger pour une visite d'une semaine, du 10 au 17 avril. Cette “virée”, première du genre, de ce représentant de l'ONU présenté comme expert “indépendant”, fait suite à son invitation par le gouvernement. Selon un communiqué onusien, ce rapporteur spécial nommé à ce titre en juin 2008 par le Conseil des droits de l'Homme pour une période de trois ans est “indépendant de tout gouvernement ou organisation et remplit ses fonctions à titre individuel”. Le motif de la mission ? “Cette mission sera l'occasion pour moi de me forger une opinion éclairée sur la liberté d'opinion et d'expression en Algérie, en me permettant de recueillir des informations de première main auprès des personnes concernées”, déclarait Frank La Rue, la veille de sa venue. Pour ce faire, l'expert prévoit une série de rencontres avec des représentants gouvernementaux et des indépendants, à la fois à Alger et à Oran où il est également attendu. C'est ce qu'à fait savoir, dans un communiqué rendu public, avant-hier, le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme basé à Genève, lequel a expliqué, pour sa part, qu'“au cours de sa visite, le rapporteur spécial rencontrera des représentants du gouvernement, du pouvoir judiciaire, du pouvoir législatif, des médias, de la société civile, du système des Nations unies et d'autres organisations internationales basées en Algérie”. Bien entendu, le rapporteur onusien émettra, à l'issue de sa visite, un rapport de mission contenant des observations et recommandations basées sur les informations qu'il aura collectées. Un rapport qu'il présentera lors d'une session du Conseil des droits de l'Homme, indique la même source, précisant qu'avant de quitter l'Algérie, Frank La Rue animera une conférence de presse. Le jeu des questions-réponses entre le représentant onusien et les journalistes algériens s'annonce “chaud” en cette période marquée par la “révolte” des peuples arabes contre leurs gouvernants, accusés de “dictatoriaux”. Le dernier rapport américain sur les droits de l'Homme, accablant le régime algérien pour non-respect des libertés, sera certainement au centre des débats. L'invitation officielle du représentant onusien n'est pas fortuite, selon de nombreux observateurs. Cette démarche adoptée pour la première fois par le gouvernement algérien se fixe-t-elle comme objectif de “soigner” son image vis-à-vis de l'instance onusienne ? En décodé, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l'aurait déjà affirmé : “L'Algérie est un pays démocratique où les libertés politiques et d'expression sont garanties.” Farid Abdeladim