La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) a relativement bien surmonté la crise mondiale et, si le redressement est maintenant amorcé, le rythme de la croissance économique varie beaucoup d'un pays à l'autre. Pour autant, le Fonds monétaire international a averti, dans son rapport “Perspectives de l'économie mondiale”, publié lundi, la vague de contestation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena) qui a mis la pression sur la croissance dans plusieurs pays de la région. “L'agitation sociale qui prévaut de plus en plus, la hausse des primes de risque souverain et le niveau élevé des prix à l'importation des matières premières vont peser sur les perspectives de croissance de plusieurs pays de la région”, souligne le rapport. Bien que les perspectives diffèrent beaucoup selon les pays, la révision du risque en cours dans l'ensemble de la région majore les coûts d'emprunt. La hausse des cours des matières premières et la demande extérieure dopent la production et les exportations de nombreux pays de la région. Qui plus est, des programmes de dépenses publiques continuent à promouvoir la reprise dans beaucoup de pays exportateurs de pétrole. Dans le même temps, le mécontentement politique, le chômage élevé et la hausse des prix alimentaires causent dans un certain nombre de pays une agitation sociale qui va sans doute peser sur la croissance à court terme. Compte tenu de ces facteurs, les projections donnent le PIB de la région MOAN en progression de 4% en 2011, avec une légère accélération à 4,2% environ en 2012. Comme dans les autres régions, les perspectives de reprise varient beaucoup d'un pays à l'autre. Dans le groupe des pays exportateurs de pétrole, on s'attend à une croissance de 5% cette année. Le pays le plus performant est le Qatar, qui affichera une progression de 20% en 2011, sous l'effet de l'expansion continue de la production de gaz naturel et de grosses dépenses d'investissement. En Arabie Saoudite, le taux de croissance devrait être d'environ 7,5% cette année, du fait d'investissements publics considérables dans les infrastructures. Pour l'Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une nette amélioration des indicateurs macroéconomiques en 2011 et en 2012 dont essentiellement la croissance économique et la balance des comptes courants. Le FMI prévoit une légère hausse de la croissance, qui devrait afficher un taux de 3,6% en 2011, contre 3,3% en 2010, pour reculer en 2012 à 3,2%. Le rapport projette un taux d'inflation de 5% cette année, contre 4,3% en 2010. En 2012, le FMI prévoit un taux d'inflation de 4,3%. Dopé par la hausse des prix du pétrole, le rapport relève que le solde extérieur courant de l'Algérie devrait connaître une forte hausse, passant de 9,4% du produit intérieur brut en 2010 à 17,8% en 2011 et à 17,4% en 2012. Concernant l'emploi, le FMI prévoit également une légère amélioration. Le fonds projette un taux de chômage en recul à 9,8% cette année, contre 10% en 2010. Selon le FMI, le taux de chômage poursuivrait sa baisse, pour atteindre 9,5% en 2012. Pour autant, le rapport constate que dans la plupart des pays de la région MOAN, le chômage chroniquement élevé, surtout chez les jeunes et les diplômés, est un problème de longue date, auquel il est urgent de trouver une solution. “Le fait que le chômage est resté si élevé si longtemps donne à penser que le problème est, pour une large part, structurel et est dû au fait que les qualifications ne correspondent pas aux besoins, aux rigidités du marché du travail et au niveau élevé des salaires d'intégration”. Pour résoudre durablement le problème de chômage de la région, il faudra, suggère le FMI, “à la fois la persistance d'une croissance économique plus forte et inclusive et des reformes pour améliorer la réactivité des marchés du travail”.