Des centaines d'étudiants de l'université M'hamed-Bouguerra de Boumerdès ont marché hier au niveau des artères de la ville criant leur colère contre le ministre de l'Enseignement supérieur et contre le gouvernement. Aux cris “Dégage, Harraoubia !” ou “Nous sommes des étudiants et non des voyous”, les étudiant qui ont bravé l'interdit ont entamé leur marche à partir de la faculté de l'Inil en direction du siège du rectorat. En tête du cortège, des jeunes étudiantes hissaient une banderole sur laquelle on pouvait lire “Choisissez entre dignité et humiliation”. Derrière, c'est une marée humaine qui suivait et qui ne cessait de scander tout au long de peu amènes propos envers la tutelle. Des dizaines de policiers suivaient de près la marche alors que d'autres ont été postés dans plusieurs artères de la ville. Mais contrairement à la semaine dernière où des heurts s'étaient produits lorsque les CRS avaient tenté d'empêcher la marche, cette fois-ci la manifestation s'est déroulée sans incidents apparents. Les étudiants bien organisés et plus nombreux ont mené la marche jusqu'au bout avec une grande réussite. Arrivés devant le siège du rectorat, les manifestants ont continué à appeler M. Harroubia à la démission. “Y en a marre du ministère, y en a marre de la misère”, criaient-ils. Les étudiants, qui ont investi, dans un premier temps, les bureaux du rectorat, se sont résolus à se rassembler dans la grande cour de l'université pour continuer à exprimer leur ire contre la tutelle. Quelques minutes après, ce sont des dizaines d'autres étudiants venus des autres facultés qui se sont joints à la marche en scandant “Khawa khawa zkara fel wizara”, un slogan qui appelle à l'unité des étudiants. Les étudiants rencontrés sur le lieu de cette manifestation nous ont affirmé qu'ils maintiendront leur mouvement de protestation jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. “Puisque le ministre ne veut pas comprendre et persiste à faire de fausses promesses, nous poursuivrons notre mouvement”, affirme un étudiant de l'ex-Inil. Au même moment, des centaines d'autres étudiants de la faculté d'ingéniort ont organisé un sit-in devant le siège de leur faculté sise à la cité des 800-Logements pour exiger “le départ du ministre et dénoncer la dégradation de la qualité de la formation au niveau de l'Université algérienne”. Les manifestants ont tenu à exprimer encore une fois leur rejet des travaux et résolutions de la dernière conférence nationale organisée par le ministère de l'Enseignement supérieur. Ils jugent que ces rencontres ont été tenues avec des représentants d'organisations proches du pouvoir et non pas avec les vrais délégués des universités du pays. “Les résultats de ces réunions sont nulles et non-avenues”, ont-ils affirmé, qualifiant la conférence de poudre aux yeux qui n'a rien apporté de concret.