Les tensions ethniques entre Arabes et Kurdes, puis confessionnelles entre sunnites et chiites, se sont exacerbées en Irak depuis la fin de la guerre et pourraient dégénérer, selon des observateurs. Face à l'effondrement de l'Etat, la perte de repères, l'insécurité, groupes ethniques et confessionnels ont effectué un repli communautaire. “La guerre a fait renaître les sentiments religieux et ethniques. Chacun se présente désormais comme kurde ou arabe, chiite ou sunnite, et tire la corde de son côté. Comme tout le monde est sous tension, le moindre incident peut dégénérer”, résume le père Boutros Haddad, de l'église Notre-Dame du Rosaire. Le retour à la tradition avait été encouragé et utilisé par Saddam Hussein comme palliatif aux fractures qui sont apparues dans la société après la guerre du Golfe de 1991. Mais jusqu'alors, les tensions intercommunautaires étaient étouffées par sa poigne de fer. “On sentait une rancœur des Arabes contre les Kurdes qui avaient une large autonomie et vivaient moins douloureusement l'embargo. Des chiites, traumatisés par la répression de 1991, contre les sunnites. Des sunnites contre des chiites, considérés comme des traîtres. L'après-guerre a largement mis ces divisions sur le devant de la scène et les a sensiblement attisées”, estime un diplomate occidental. La formation sur une base ethnique et religieuse du Conseil de gouvernement transitoire, après de méticuleux calculs par l'Autorité provisoire de la coalition (CPA), a explicitement validé ces divisions autrefois implicites, de l'avis de beaucoup. “L'équilibre au Conseil de gouvernement, construit sur des facteurs religieux et ethniques, et la marginalisation consécutive des Arabes sunnites, anciennement dominants, pourraient préparer le terrain à un futur conflit sectaire”, notait fin août un rapport de l'International Crisis Group. Sur 25 membres, 13 sont chiites, 5 sunnites et 5 Kurdes. Selon des estimations approximatives, les chiites représentent 60 à 65% de la population, les sunnites autour de 15%, les Kurdes environ 15%. Mais chaque minorité revendique davantage. Les Américains admettent l'existence de tensions mais pas plus. “Avant-guerre, beaucoup prédisaient une guerre civile mais les Irakiens ont prouvé qu'ils pouvaient vivre ensemble”, estime un porte-parole du CPA, Charles Heatley. Les dignitaires des différents groupes, reconnus par le CPA, font officiellement tout pour museler les velléités de violence, promettent l'unité et rejettent également la possibilité d'un conflit sectaire. Mais dans la rue, les discours sont autres. Après l'attentat qui a coûté la vie à l'ayatollah Mohammad Baqer Hakim le 29 août, les Chiites de Najaf ont montré du doigt les Sunnites en accusant les wahhabites et les partisans de Saddam Hussein. De son côté, le comité des oulémas sunnites accuse des chiites de mettre la main sur des mosquées sunnites dans les villes saintes chiites et ailleurs. Entre Arabes et Kurdes, les tensions sont palpables dans le Nord. De nombreux Kurdes expulsés de Kirkouk lors de la politique d'arabisation de l'ancien régime, sont rentrés chez eux, expulsant à leur tour les Arabes. Pour l'instant, les actes de violence ont été plus limités que prévu dans cette région. Mais “cela pourrait exploser à tout moment”, concède le lieutenant-colonel Randy George, commandant adjoint des forces de la coalition à Kirkouk. Tchétchénie Akhmad Kadyrov élu avec 81,1% des voix Le chef de l'administration tchétchène pro-russe, Akhmad Kadyrov, a remporté l'élection présidentielle controversée dimanche en Tchétchénie, avec 81,1% des voix, a déclaré, hier, la commission électorale tchétchène. “M. Kadyrov devance de façon absolue ses concurrents et ne peut plus être rattrapé”, a ajouté le chef de la commission électorale, Abdoul-Karim Arsakhanov, en annonçant ces résultats préliminaires officiels, a rapporté l'agence Ria-Novosti.