À la veille de la remise du rapport du secrétaire général des Nations unies sur la situation au Sahara occidental, prévue en effet demain, les regards sont braqués sur l'ONU, plus particulièrement sur la personne de Ban Ki-moon. Contrairement à l'année dernière, ce dernier aurait du mal, cette fois, à faire abstraction d'un constat devenu accablant pour l'organisation mondiale de la paix, à savoir que la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso), présente sur place depuis maintenant 20 ans, reste la seule et unique mission des Nations unies dépourvue de la protection des droits de l'homme. En termes plus clairs, le prochain rapport de Ban Ki-moon est très attendu et devrait inclure normalement des recommandations pour la création d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, en plus de la prorogation du mandat de la Minurso. Dans ce contexte très particulier et en prévision de l'examen, le 27 avril 2011, du mandat de la Minurso, par le Conseil de sécurité des Nations unies, une bataille très serrée est déjà engagée au sein de l'ONU où les adeptes du fait accompli colonial, par voie d'un soi-disant “plan d'autonomie” du makhzen, semblent apparemment prêts à tout pour sortir le Maroc du pétrin. Il y a quelques jours, Liberté a fait état de la publication d'un article de Matthew Russell Lee, journaliste de l'Inner City Press, une association de reporters d'investigation accréditée à l'ONU. Un article qui révélait le jeu trouble du Maroc, puisque ce pays, ayant reçu une copie en sous-main du projet de rapport de Ban Ki-moon, aurait fait pression sur les Nations unies, pour changer le paragraphe 119 dudit projet portant sur l'établissement d'un mécanisme des droits humains dans les prérogatives de la Minurso et effacer toute référence à un nouveau mécanisme de surveillance. Les autorités marocaines auraient même demandé d'inclure dans le rapport “(l'ONU) salue l'engagement du Maroc de permettre le libre accès aux rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l'homme” dans les territoires sahraouis occupés. Seulement, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU aurait alors demandé d'amender cette partie du rapport, en insistant sur l'instauration nécessaire de ce “mécanisme indépendant, neutre et continu” de surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental. L'article du journaliste américain, visant à donner une idée globale du rapport du secrétaire général des Nations unies sur le Sahara occidental, mais aussi des agissements du Maroc contre le contenu du rapport du secrétaire général de l'ONU, a dû faire très mal. En tout cas, cela a exigé la sortie du porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky, qui, en guise de justifications, a regretté que ce “document de travail interne du secrétaire général fasse l'objet d'une fuite et soit publié”. Il est vrai qu'une telle situation met les Nations unies en général et Ban Ki-moon en particulier mal à l'aise. Mais, quand on y réfléchit bien, elle constitue une occasion inespérée pour les Nations unies de remettre la question sahraouie sur les rails de la légalité internationale et faire appliquer leurs propres résolutions. Sur la question des droits de l'homme, outre le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, les ONG de défense des droits humains, dont Amnesty International, Human Rights Watch ou le Centre Robert F. Kennedy pour les droits de l'homme, le département d'Etat US et les autorités de la RASD, convergent tous sur la nécessité d'installer un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso.