La pomme de discorde réside en l'absence de prérogatives au sein de ce mécanisme pour faire respecter les droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. «Le gouvernement de la Rasd et le Front Polisario, tout en réaffirmant leur engagement en faveur d'une solution pacifique, démocratique, au moyen d'un référendum d'autodétermination libre et régulier, ont décidé de réviser la relation avec la Minurso», a indiqué le ministre sahraoui des Affaires étrangères, dans une dépêche répercutée le 15 avril par l'agence officielle sahraouie, SPS. Rien ne va plus entre le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies et les dirigeants de la Rasd à moins de deux semaines de l'expiration du mandat de la Minurso. «Après deux décennies d'échec dans sa mission d'organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui comme convenu dans le plan de règlement de 1991, nous sommes parvenus à la conclusion que l'ONU est incapable de faire face aux entraves marocaines et d'honorer ses engagements quant à l'organisation d'un référendum libre et régulier», a fait savoir le président de la République sahraouie dans une lettre adressée à Ban Ki-moon. Les responsables sahraouis ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU. Mohamed Abdelaziz n'a pas hésité à le lui faire savoir et à souligner sa partialité. «Ayant échoué à refléter de manière honnête et objective les événements de l'année dernière, le rapport présente malheureusement au Conseil de sécurité une image erronée de la situation au Sahara occidental et les facteurs entravant le volet politique», a souligné dans son message le leader sahraoui. Le rapport de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité, qui s'apprête à prolonger d'une année supplémentaire le mandat de la Minurso qui prendra fin dans la nuit du 29 au 30 avril 2010 a, en effet, occulté la question cruciale et dramatique des droits de l'homme. Le président de la République sahraouie qui, à maintes fois, et à chaque fois que l'occasion se présentait, a attiré l'attention du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies sur ce dossier, ne semble pas avoir été entendu. Faut-il rappeler que c'est l'une des revendications majeures du Front Polisario, que le Maroc refuse d'aborder, et qui a fait capoter les négociations de la dernière réunion informelle qui s'est tenue à Armonk, une ville du comté de Westchester dans l'Etat de New York. Les responsables politiques sahraouis ont mis en exergue l'absence de recommandations dans le dernier rapport du SG de l'ONU d'un instrument de supervision des droits de l'homme. En guise de réponse, l'instance onusienne s'est murée dans un silence qui ressemble à une fin de non-recevoir. Conséquence: les dirigeants sahraouis ont pris la décision de réexaminer leurs relations avec la Mission des Nations unies chargée de veiller uniquement au respect du cessez-le-feu entré officiellement en vigueur le 6 septembre 1991 et à la mise en oeuvre d'un référendum au Sahara occidental, qui garantirait au peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son avenir. De guerre lasse, le Front Polisario, qui s'accroche désespérément à une solution pacifique qui puisse mettre fin à l'occupation marocaine qui dure depuis plus de trente-cinq années, ne semble plus y croire vraiment. «La répression sauvage contre la population civile dans les territoires occupés, les disparitions, la torture, les jugements iniques et sommaires, les enlèvements et emprisonnements des défenseurs des droits de l'homme et le pillage des ressources naturelles constituent une pratique quotidienne de l'occupant marocain, qui se fait au vu et au su de la Minurso», a dénoncé avec vigueur le chef de la diplomatie sahraouie. Une réalité que ne peut ignorer la communauté internationale, comme elle n'a pu ignorer le combat farouche et à mains nues que mène le peuple du Sahara occidental, symbolisé par la militante des droits de l'homme, Aminatou Haïdar. La pasionaria sahraouie a, au bout d'une grève de la faim mémorable de 32 jours, pu regagner sa patrie après avoir été expulsée par les forces d'occupation marocaines vers l'île de Lanzarote aux Canaries. «Plus de 57 prisonniers politiques sahraouis croupissent dans les geôles marocaines dont 36 grévistes de la faim sont dans un état ‘'critique''», a indiqué, dans sa lettre à Ban Ki-moon, le président de la République sahraouie. Les appels incessants lancés par les ONG (Amnesty International, Human Rights Watch...), des élus européens, américains ou le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, pour doter la Minurso de prérogatives qui protégeraient les populations sahraouies contre les violences des forces d'occupation marocaine sont restés vains. Parmi les missions des Nations unies qui sont opérationnelles dans le monde, elle est «la seule qui ne remplit pas l'obligation morale élémentaire d'observation du respect des droits de l'homme», a fait remarquer, indigné, Mohamed Ould Sadek. Le rapport de Ban Ki-moon qui a pratiquement mis sur un pied d'égalité le pays colonisé et le pays colonisateur, vient d'être dénoncé par le Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso) qui a jugé cette confusion intolérable. «Le rapport ne dit pas un mot sur l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc» et «affiche un mépris de la situation de plus en plus critique des droits de l'homme dans les territoires occupés», a fait remarquer l'ONG française. A charge pour le Conseil de sécurité de réparer cette anomalie. Il y va de la paix dans la région.