1ere partie -Félicitations mes enfants ! Mes vœux de bonheur vous accompagneront toute votre vie ! Soyez heureux ! N'oubliez jamais les promesses que vous vous êtes fait ! La jeune fille hoche la tête, incapable de répondre à sa grand-mère. Une boule avait grossi dans sa gorge et lui faisait mal. Elle sait que c'est dû à l'émotion. Le fait de savoir que sa famille allait la quitter, lui donne envie de pleurer. Elle qui s'était juré de ne pas céder à cette envie, a bien du mal à se retenir. Sa grand-mère l'embrassait et déjà laissait la place à ses tantes puis à sa mère Zahera. Celle-ci s'efforçait de ne pas pleurer. - Je reviendrais dès que je pourrais, lui promet-elle. Ton grand-père… - Oui prends bien soin de lui, dit Kamélia. Tu m'appelleras ? - Bien sûr, prends soin de toi ma fille chérie ! Je t'aime ! Kamélia se blottit dans les bras de sa mère une dernière fois. C'est déjà l'heure de se séparer. Pourtant il n'est que vingt-et-une heures. Si seulement son grand-père allait bien, il serait venu avec eux à Constantine et sa famille n'aurait pas à repartir si vite à Chlef. - Je reviendrai, promet la maman, vite rejointe par la belle –mère de Kamélia. - Pars le cœur tranquille, lui dit-elle. Elle ne manquera de rien. Elle et mon fils fileront le parfait bonheur. Il ne peut rien lui arriver avec Brahim à ses côtés ! Elle n'aura personne derrière le dos, personne à supporter. Ils partiront chez eux dès demain, la nuit de noces se fera ici. Je les libèrerai demain. Kamélia n'aura pas l'occasion de dire une nouvelle fois au revoir à sa famille. Le fourgon loué pour la fête devrait être rendu à son propriétaire, avant l'aube. Le chauffeur s'en servait pour son travail. Sa famille n'avait pas le choix. La jeune fille aurait voulu ne pas se retrouver seule dès ce soir. Rien ne se passait comme elle le voulait et l'avait toujours espéré. Si son grand-père n'avait pas eu cette crise cardiaque qui le coinçait à l'hôpital, la journée se serait passée différemment. Sa famille serait restée et n'aurait pas à s'inquiéter, à s'interroger sur l'issue de la nuit de noces. Kamélia savait que la belle-famille était très à cheval sur tradition. Si elle voulait que son mariage soit réussi, elle ne devra pas les décevoir. Vierge et naïve sont les qualités qu'avait exigé son fiancé Brahim. Tout comme sa famille, il était intransigeant sur ce point. - Allons, ne pleures pas ! Brahim n'est pas un monstre, la rassure sa belle-mère. S'il est satisfait, il fera de toi la femme la plus heureuse sur terre. C'est un garçon qui se donne à fond. Kamélia sourit en songeant que “le garçon” en question, avait trente-cinq ans. Si son bonheur dépendait de sa virginité, elle n'avait pas à s'angoisser. Cette nuit sera différente de toutes les autres. Avant le lever du jour, elle deviendra femme. Elle fera honneur à sa famille. Brahim ne sera pas déçu. Lorsque sa belle-mère la pousse vers la chambre, où il l'attendait déjà, impatient de consommer leur mariage, elle y entre sans crainte. Elle n'avait rien à perdre mais tout à gagner. (À suivre) A. K.