S'il n'est pas dit que le résultat sera à la hauteur des espoirs du Président-candidat même si l'on sait l'influence des zaouïas auprès des populations locales, l'on peut d'ores et déjà mesurer les ravages que ce genre de sollicitations ne manquera pas de provoquer sur nos traditions spirituelles. Depuis que l'Algérie s'essaie à la pratique du scrutin pluraliste — péniblement et sans trop de bonheur, disons-le au passage —, les zaouïas ont constitué des destinations systématiques, voire forcées pour les candidats au plébiscite populaire. Avec une palme spéciale à ceux d'entre eux qui ont eu à briguer un mandat présidentiel. Mais, ces virées aux sièges des différentes confréries religieuses n'avaient lieu qu'en période de campagne électorale. C'est ainsi que, d'habitude, tous les concurrents se rendent dans toutes les zaouïas qui, à leur tour, leur réservent le même accueil et leur consentent les mêmes égards protocolaires. Autant dire les mêmes prières et quelquefois les mêmes promesses… de vote. Autant de “privilèges” que M. Bouteflika accaparent pour lui seul depuis qu'il a entrepris, ces derniers mois, de sillonner l'Algérie profonde plus fréquemment que jamais. Une sorte de campagne électorale en solo, voilà en effet à quoi notre chef de l'état passe le plus clair de son temps. Le reste étant consacré à manœuvrer contre ses adversaires plus ou moins déclarés, c'est-à-dire à la même campagne en solo. Il est normal, à ce jeu, que s'alternent un déjeuner chez Chirac au Palais de l'Elysée et un chœur d'incantations à El-Hamel. S'il n'est pas dit que le résultat sera à la hauteur des espoirs du Président-candidat même si l'on sait l'influence des zaouïas auprès des populations locales, l'on peut d'ores et déjà mesurer les ravages que ce genre de sollicitations ne manquera pas de provoquer sur nos traditions spirituelles. La religion, telle que vécue et pratiquée chez nous depuis la nuit des temps, fait, en effet, ainsi, l'objet d'une manipulation qui n'a rien à envier à celle dont s'était rendu coupable le FIS en son temps. Plus grave encore, le Président-candidat risque à ce rythme de donner le la, d'ouvrir la voie à une campagne électorale où le thème de la religion prédominerait. Une aubaine, à coup sûr, pour les candidats de l'islamisme. Une aubaine aussi pour Bouteflika lui-même ? Nous risquons de le découvrir un peu tard. Aux dépens des espérances démocratiques du pays. S. C.