Au-delà de la crainte de Nicolas Sarkozy de voir le Front national exploiter la menace des flux migratoires dans la perspective de présidentielle de 2012, la probable suspension des accords Schengen, qui pourrait être prononcée après-demain lors du sommet franco-italien de Rome, serait un précédent grave pour toute la Communauté européenne. L'Europe a peur des flux migratoires de la rive sud de la Méditerranée. Le contexte régional induit par les “révolutions” arabes a inévitablement favorisé l'“exode” de centaines de personnes en quête d'une vie meilleure. Les conflits et les guerres ont, de tout temps, provoqué des mouvements de populations. C'est la logique imparable de l'histoire qui se veut un éternel recommencement. Dans le cas de la Libye, la France, qui était au premier rang du soutien à l'opposition plaidant même l'action militaire pour déloger Kadhafi, ne veut pas assumer jusqu'au bout sa politique. Pour ce faire, Paris propose carrément de mettre en veilleuse les accords de Schengen. Au-delà de la crainte de Nicolas Sarkozy de voir le Front national exploiter la menace des flux migratoires dans la perspective de présidentielle de 2012, la probable suspension des accords Schengen, qui pourrait être prononcée après-demain lors du sommet franco-italien de Rome, serait un précédent grave pour toute la Communauté européenne. On savait déjà que les politiques de visas sont allées de restrictions en restrictions jusqu'à l'adoption de stratégies pour une immigration choisie. Mais les évènements récents dans la rive sud et les quelque 20 000 migrants tunisiens, arrivés en l'espace de quelques jours seulement sur les côtes italiennes, ont bousculé les choses. L'Europe est ainsi confrontée à deux crises majeures qui risquent de remettre en cause son existence même. Après la crise de l'euro, c'est un autre projet phare d'intégration, l'espace sans frontières, Schengen, qui se retrouve sérieusement remis en cause du fait des tensions franco-italiennes sur l'immigration. Le Vieux Continent sera-t-il amené à laisser tomber sa doctrine et à revenir à la situation d'avant-Schengen ? Les “révolutions” arabes font-elles paradoxalement peur au “monde libre” à tel point que ce dernier ferme toutes les portes et revient aux politiques ultranationalistes comme le réclament d'ailleurs plusieurs partis d'extrême droite ?