Des zones d'ombre subsistent quant aux circonstances de la mort de cet universitaire-chercheur à l'université d'Oran, un militant politique et syndical depuis la période du PAGS puis du MDS, et membre actif de la CNCD. Triste journée pluvieuse que celle vécue hier à Oran par la famille, les proches et les camarades du désormais défunt Ahmed Kerroumi. La consternation et l'émoi étaient visibles sur les visages crispés de douleur à l'annonce de la mort du militant infatigable du parti de Hachemi Cherif. Dans la rue de Chanzy où se trouve le local du MDS, les camarades du défunt se pressent pour venir aux nouvelles. Selon le témoignage de Kateb Saïd, responsable local du MDS, le corps sans vie d'Ahmed Kerroumi aurait été découvert hier, cinq jours après sa disparition, par un militant vers 12h30. “Notre militant était venu pour valider un communiqué qui était destiné à la presse”, affirme Kateb Saïd. Selon lui, “aucune odeur ne se dégageait du corps sans vie du défunt”. Il mettra en garde contre “l'utilisation de cette affaire à des fins politiciennes”, précisant qu'“aucune personne n'utilisera cette mort pour entamer notre lutte pour la démocratie”. Pour l'heure, des zones d'ombre subsistent quant aux circonstances de la mort de cet universitaire-chercheur à l'université d'Oran, un militant politique et syndical depuis la période du PAGS puis au MDS, et membre actif de la CNCD-Oran (Coordination nationale pour le changement et la démocratie), dira encore Kateb Saïd. L'épouse du défunt, qui a tenu à accompagner son époux dans l'ambulance vers le service de la médecine légale du CHU d'Oran, est inconsolable. “Qu'est-ce que vous avez fait pendant cinq jours pour retrouver le père de mes enfants ? Où sont les services de sécurité ?”, interroge-t-elle. Les forces de sécurité tentaient tant bien que mal d'endiguer la foule grandissante qui s'amassait devant le local du MDS. La brusque disparition du professeur Ahmed Kerroumi alimentait les commentaires à Oran où l'homme était apprécié pour ses valeurs humaines. La dernière fois où il avait été vu, c'était dans la matinée du 19 avril au Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran. En sa qualité de chercheur, il y apportait les dernières retouches à la préparation d'un séminaire prévu le lendemain. Mme Kerroumi, qui était en proie à une grande inquiétude, avait déjà produit les pièces nécessaires justifiant l'identité de son défunt époux. Les services de police, qui suivaient de près cette affaire, ont été alertés dès le premier jour de la disparition d'Ahmed Kerroumi. “La dernière fois où il avait été aperçu, c'était vers 10 heures dans la matinée de mardi dernier au Crasc lorsqu'une personne appela Ahmed Kerroumi sur son portable vers 12h”, apprend-on de source poche de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) à Oran. Des recherches ont été menées à Oran et même dans certaines wilayas limitrophes pour retrouver le militant politique. Les étudiants du professeur Ahmed Kerroumi ont même manifesté leur colère en tenant un sit-in de protestation jeudi dernier. Une autre source a indiqué, hier, que le corps sans vie du défunt a été retrouvé “vers 14h30 par un militant du MDS dans les sanitaires du local du MDS” et qu'“il portait des blessures à la tête”. Les investigations ouvertes par les services de sécurité détermineront les circonstances du décès du professeur-chercheur Ahmed Kerroumi.