Les prix du gaz ont été au cœur du débat de la session, de la seconde journée, intitulée “Le gaz naturel : facteur d'intégration et de développement de la coopération ?”. D'abord, l'une des vedettes de la rencontre organisée par Medenergies, l'ancien ministre de l'Energie, aujourd'hui consultant international, M. Aït Laoussine, a souligné que la libéralisation du marché européen aura pour conséquence un environnement instable, peu propice au lancement de projets nouveaux. Il est nécessaire de prévoir une période de transition entre l'ancienne et la nouvelle forme de négoce, a-t-il ajouté. M. Hached, vice-président chargé de la commercialisation à Sonatrach, dans une communication intitulée “Le gaz naturel, facteur de développement d'un partenariat intégré”, a rappelé que l'Algérie envisage un objectif d'exportation de 85 milliards de m3 par an à l'horizon 2010. En guise de conclusion, il a relevé que le principal défi de Sonatrach est de s'adapter aux mutations du cadre législatif du marché gazier européen. Sonatrach doit identifier de nouvelles formes de coopération avec ses partenaires et acquérir une dimension internationale pour s'impliquer dans la valorisation de son gaz sur les marchés de destination. Habib El-Andaloussi, conseiller scientifique à l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME), dans une communication intéressante sur les infrastructures gazières dans les approvisionnements énergétiques du Maghreb et de l'Europe, a présenté une étude menée par l'OME sur les approvisionnements énergétiques de l'Europe par les pays du Sud et de l'est méditerranéen (PSEM). Les importations gazières de l'UE-28 doubleraient entre 2000 et 2020 d'environ 240 BCM à environ 550 BCM (dépendance des importations de 49 à 85%), alors que les importations pétrolières de l'UE-28 passeraient de 510 millions de TEP à 640 millions de TEP (Dépendance des importations stable de l'ordre de 75%). Un scénario de production et d'exportation de gaz et de pétrole (2010-2020) a été développé pour chacun des quatre pays : l'Algérie, l'Egypte, la Libye et la Syrie, tenant compte des données géologiques, technologiques, de la demande domestique et régionale pour le pétrole et le gaz, le cadre institutionnel, les stratégies des pays et des compagnies. Ce scénario prévoit que le total des exportations gazières de la région PSEM, passerait d'environ 63 BCM en 2000 à environ 170 (dont 120 BCM de l'Algérie) en 2020 et celles de pétrole d'environ 150 millions de tonnes en 2000 à environ 240 millions de tonnes en 2020 (dont 120 à 130 millions de tonnes de l'Algérie incluant tous les liquides). Au cours du débat, Ian Rutledge, de l'Université de Sheffield a observé une contradiction entre une volonté européenne de baisse des prix du gaz par une compétition gaz-gaz et une préoccupation de sécurité des approvisionnements à long terme par le recours à des fournitures en expansion des pays de la zone PSEM. M. Hached, vice-président à Sonatrach, a répondu que les prix du gaz vont connaître une hausse, du fait d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, due au temps pris pour que les nouvelles infrastructures puissent faire face à la demande en forte croissance. À l'inverse, dans un scénario de baisse des prix, les pays fournisseurs de l'Europe ne seront pas tentés de développer les investissements nécessaires à cette expansion de la demande, d'où un déséquilibre entre l'offre et la demande. Parce qu'il faut un prix suffisamment rémunérateur pour permettre à l'exportateur d'opérer le retour sur l'investissement et de dégager une plus-value. N. R. Erratum Dans un article sur la réunion tripartite, dans notre dernière édition, le quotidien a illustré le texte par une photo, notamment celle de M. Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise, qui n'est pas une association patronale, mais plutôt un club de réflexion des grands opérateurs privés. À ce titre, le Forum n'est pas invité à la rencontre. Mille excuses à M. Omar Ramdane.