Résumé : Brahim a une curieuse façon de lui prouver son amour. Il n'est jamais satisfait. Kamélia en souffre beaucoup. Il ne la ménage pas, même quand il sait que sa grossesse arrive à terme. Egoïste, il ne s'inquiète pas lorsqu'elle se plaint de douleurs. Il ne veut pas qu'elle le dérange. 9eme partie -Si tu me ridiculises, je t'en ferais voir de toutes les couleurs ! Kamélia se demande jusqu'où il serait allé si elle n'avait pas mis au monde, ce soir-là, un beau petit garçon. À peine arrivée à la maternité, tout se passa très vite. Moins d'une heure après, Brahim a eu l'agréable surprise d'être appelé à son chevet. Croyant que c'était une fausse alerte, il avait refusé qu'elle prenne ses affaires. - Ce n'est pas vrai ! Tu aurais pu me dire que c'était pour de bon, lui reproche-t-il comme si elle ne lui avait rien dit. Je ne voulais pas qu'on s'encombre pour rien ! - Brahim, au lieu de perdre ton temps, tu devrais aller chercher nos affaires, lui dit-elle. Et puis je suis fatiguée. - Excuse-moi, j'ai oublié complètement que c'est très éprouvant, un accouchement, murmure-t-il tout en partant sans même la féliciter et la remercier. Je vais le voir, on doit faire connaissance dès maintenant ! Kamélia savait qu'il tenait beaucoup à être père mais jamais ne s'était imaginée qu'il ferait tout pour être le meilleur. Elle l'avait découvert au fil du temps. C'est un père hors pair, toujours prêt à s'occuper du bébé de jour comme de nuit. Kamélia n'aura jamais à l'allaiter la nuit, à le changer, cette tâche si répugnante pour d'autres était un moment de plaisir pour Brahim. Karim est tout pour lui. Il n'a pas encore un an que son père l'emmène partout, au marché, au travail et au café où il se réunit avec ses copains. À deux ans, Karim refuse de rester avec elle et Brahim l'inscrit à la crèche du quartier. Kamélia ne s'en rend pas compte tout de suite, elle et son fils n'ont aucun contact. C'est comme si elle n'est pas sa mère. Elle regrette de ne pas pouvoir le sentir contre sa poitrine. Les rares moments où elle avait pu le bercer dans ses bras, sont des souvenirs bien douloureux. Karim réserve tous ses sourires et ses câlins à son père. Parfois Brahim était contraint de retourner au travail, après l'avoir ramené à la crèche et lorsqu'il rentrait plus tard, l'enfant lui réservait un accueil chaleureux et bien bruyant. Kamélia avait le cœur serré lorsqu'elle les voyait s'accrocher l'un à l'autre, jouer sans un regard vers elle. Aux yeux de son enfant, seul son père existait. Brahim prenait un malin plaisir à lui affirmer que Karim le préférait à elle. C'était évident. Elle le savait depuis longtemps mais elle lui en voulait. Il en était entièrement responsable. Il ne s'adressait jamais à elle, en sa présence, n'avait jamais un mot doux ou un geste qui aurait pu les rapprocher. Brahim avait tout fait pour la séparer de son enfant. Idiote, elle s'était laissé faire, croyant qu'avec le temps, Brahim redeviendrait plus amoureux encore. Elle lui avait donné un fils, tout ce qu'il y a de plus précieux sur terre. - Mais il ne te déteste pas, la console sa mère lorsqu'elle vient lui rendre visite. Il s'est bien occupé de toi cette fois ? - À contrecœur, lui confie Kamélia qui se remettait péniblement d'une pneumonie. Il n'aime pas que je sois malade, que je sois incapable de m'occuper de lui, de notre enfant. Il y a des moments où je crois qu'il aurait préféré avoir un robot à la place d'une femme ! Je ne peux pas être toujours debout, bien portante, souriante, j'ai aussi mes faiblesses et ça, il ne l'accepte pas ! - Cela viendra, dit sa mère Zahera. Cela viendra avec le temps. L'arrivée de Brahim et Karim les interrompt. Kamélia remarque le sourire de son mari. Son regard est brillant et en dit long, comme s'il savait quelque chose qu'elle ignore. Elle l'interroge. Brahim ne se fait pas prier. - Le bilan que tu as fait la semaine passée a révélé que tu es enceinte, lui apprend-il. Félicitations ! Fais-moi un beau garçon, aussi beau que Karim ! Kamélia voudrait trouvait la force de sourire, pour rassurer sa mère. Celle-ci les félicitait déjà, ne semblant pas voir sa tristesse. Brahim expliquait à Karim qu'il allait avoir un frère, n'imaginant pas une seule seconde qu'ils puissent avoir une fille. Kamélia prie pour que celle-ci ne voie jamais le jour. (À suivre) A. K.