Sous le thème “Carrefour des compétences et des idées novatrices”, la cinquième édition du Salon de l'emploi et de l'entrepreneuriat s'est tenue les 19 et 20 avril courant à Riad El-Feth. Organisée dans une conjoncture particulière, marquée par l'agitation de la scène nationale, animée notamment par les jeunes chômeurs que les dernières mesures gouvernementales en matière “d'emploi des jeunes” n'ont apparemment pas calmés. Par : A. HAMMA Cette manifestation aura permis de contribuer à recadrer la problématique du marché du travail des jeunes diplômés et de la main-d'œuvre qualifiée. Au-delà de ces objectifs, elle aura également constitué une opportunité de recherche des conditions d'adéquation entre l'offre et la demande, dans une approche de proximité entre les besoins de l'entreprise et le demandeur d'emploi. Une telle initiative prend une signification de premier ordre, d'autant qu'outre la présence à ce Salon d'organismes chargés de la promotion de l'emploi tels que l'Anseg, l'Angem et l'Anem, aux côtés des grandes entreprises publiques à l'instar d'Air Algérie ; des groupes privés, non moins importants, comme Cevital et SNC Lavalin ont été également de la partie. Pour rappel, le Conseil des ministres du 3 février 2011 a pris un certain nombre de décisions pour “diligenter la finalisation des nouvelles mesures liées aux différents chantiers et dispositifs d'emploi des jeunes”. Ces mesures ont été décryptées et passées au peigne fin par la deuxième session du think tank consacré aux dernières mesures gouvernementales organisée par le journal Liberté le 24 mars de l'année en cours. Dans ce contexte, des experts des questions économiques, des chefs d'entreprise, de banques, d'institutions financières et des responsables des différentes organisations patronales, ont mis en exergue les insuffisances que ces mesures comportent. Pour les experts comme pour le patronat, les aménagements et assouplissements apportés en matière d'emploi des jeunes par le Conseil des ministres du 3 février dernier, sont “de nature fondamentalement sociale et non économique”. Selon ces derniers, l'entreprise n'est pas au “cœur du dispositif”. Pour le président du Forum des chefs d'entreprise, ce sont “les PME et PMI existantes qui créent de l'emploi à travers la relance de leur croissance”. Pour sa part, le délégué général de l'Abef, dans une communication lors de ce même think tank, relative à la “politique d'appui de l'Etat orientée vers l'émergence du tissu national des entreprises”, a évoqué les “impératifs d'insertion et de coaching des jeunes entreprises”. Car, a-t-il estimé, le rythme élevé de création de nouvelles entreprises entraînera trois conséquences telles que (1) l'assouplissement des procédures en amont de la création en maîtrisant en aval les risques de cette action, (2) la maîtrise des difficultés d'insertion de la nouvelle entreprise dans le marché et enfin, (3) un accompagnement individuel durant la phase de création, de la part d'un réseau d'institutions et de bureaux conseils. Ainsi, pour le conférencier, il y a “nécessité d'instaurer et d'organiser des réseaux de parrainage et de coaching par filière et par région”. Il faut dire que le manque de coaching et l'absence de mécanises d'accompagnement des créateurs d'entreprises dans le cadre des dispositifs d'emploi des jeunes, – durant les phases de création, de maturation et d'insertion efficiente des nouveaux projets entrepreneuriaux au niveau du marché –, ont été en grande partie, à l'origine de l'important échec de la plupart de ces projets. En tout état de cause, et bien que nous ne disposions pas, pour l'instant, de statistiques récentes, les informations qui nous parviennent font état d'un afflux exceptionnel de jeunes chômeurs vers les organismes d'aide à la création d'entreprises. L'assouplissement des procédures, notamment en matière d'octroi de crédits bancaires, de réduction de l'apport initial et du taux d'intérêt ainsi que l'allongement des délais de remboursement du capital de financement semblent avoir déclenché cette dynamique. Toute la question est de savoir comment accompagner ce mouvement pour diminuer au minimum le taux de déperdition, car les lois de l'économie de marché sont implacables, quelle que soit par ailleurs “la générosité des gouvernants”. En vérité, bien que ces nouvelles mesures soient, bien évidemment, à saluer, seules la définition et la mise en œuvre courageuse d'une stratégie nationale de relance de l'investissement productif national privé et public, autour de la création et la consolidation de grands groupes pourvoyeurs de postes de travail, – avec des actions de mise à niveau de la ressource humaine et du management – et l'émergence de “champions industriels” aptes à tirer vers le haut tout un tissu de PME et PMI, en mesure notamment d'être compétitives à l'export, peut réellement ouvrir de nouveaux horizons à l'épineuse question de l'emploi.