C'est déjà un phénomène bien connu ! La Coupe d'Algérie a une saveur bien particulière et la JSK, ainsi que toute la Kabylie, jusqu'aux contrées les plus reculées du Djurdjura et de la Soummam ont eu à le vérifier en ce 1er Mai 2011, jour de fête universelle, où des milliers de supporters kabyles sont sortis dans les rues pour chanter et danser à la gloire des Canaris et ainsi goûter à l'ivresse de Dame Coupe, épreuve populaire par excellence. Dans les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Béjaïa, Bouira et dans d'autres contrées lointaines d'Algérie où la JSK compte une multitude de fans toujours aussi fidèles et profondément attachés aux couleurs du club amazigh, des scènes de joie et d'allégresse auront envahi les villes et les villages et, mon Dieu, que la nuit a été longue et effrénée. Cortèges de voitures bariolées, concerts de klaxons stridents, youyous répétés du haut des balcons ont égayé une nuit de folie qui viendra s'ajouter aux nombreux jours de gloire de la prestigieuse JSK. Après avoir trôné durant toute une année à Aïn El-Fouara, cette terre de prédilection où l'Entente sétifienne a écrit les plus belles pages de la Coupe d'Algérie, Dame Coupe a finalement pris la direction de la Kabylie pour la cinquième fois de son histoire. Bien évidemment, les nostalgiques de la JSK se sont rappelés en cette heureuse occasion les moments fabuleux de ce premier trophée gagné de haute lutte en 1977 face à la grande équipe du NAHD (2-1) grâce à la génération des Iboud, Makri, Bailèche, Douadi, Larbès et autres Dali, sans oublier les regrettés Anane, Aouis, Amrous et un certain Hannachi qui a pris le flambeau du club kabyle que lui ont légué deux présidents emblématiques que furent les regrettés Mansour Abtouche puis Abdelkader Khalef. Puis, il y eut ce second trophée de 1986 ou le fameux “Jumbo-jet” toujours drivé par le duo mythique Mahieddine Khalef-Stefan Zywotko qui permit à la JSK de triompher face à la coriace formation du Wifak de Collo (1-0) grâce à un but historique de l'inoubliable Ali Fergani (119'), capitaine valeureux qui dirigea d'une main de maître la génération des Bouiche, Bahbouh, Sadmi, Amara, Haffaf, Bouzar et autres Abdeslam. En 1992, la JSK eut le grand honneur de recevoir son troisième trophée des mains du regretté président Boudiaf au stade Ahmed-Zabana d'Oran après une finale très serrée contre l'ASO Chlef (1-0) grâce à un but de Hakim Amaouche et la vigilance du capitaine et gardien de but international Mourad Amara. Puis il y eut cette quatrième consécration de 1994 où la JSK a pu se défaire de la vaillante équipe de l'AS Aïn M'lila (1-0) sur un tout petit but de ce vieux renard des surfaces nommé Hadj Adlane. Là aussi, la JSK avait connu la belle génération des Hamened, Meftah, Amrouche, Benhamlat, Zafour, Moussouni et autres Selmoune sous la houlette du regretté coach Djaffar Harouni qui venait de remporter la défunte Coupe d'Afrique des vainqueurs de Coupe aux côtés du vaillant capitaine Djamel Menad contre les Nigérians de Julius Berger. Puis, plus rien car il y eut cette longue traversée du désert qui ressemblait étrangement à un long sevrage dans l'épreuve populaire puisque la JSK a été privée de la Coupe d'Algérie depuis dix-sept ans, se permettant même le luxe de perdre deux finales, en 1999 puis en 2004, face au même rival, l'USM Alger. Certes, les Canaris s'étaient payé entre-temps trois titres de champions d'Algérie et surtout trois Coupes de la CAF successives (2000, 2001 et 2002), mais Dame Coupe avait fait valoir ses caprices en tournant carrément le dos à la JS Kabylie durant ces dix-sept dernières années. C'est dire que cette cinquième consécration obtenue de haute lutte face à une excellente équipe d'El-Harrach est venue à point nommé pour combler d'aise toute la Kabylie et mettre ainsi fin à près d'une vingtaine d'années de disette et de frustration. “Je suis l'homme le plus heureux du monde dans la mesure où nous avons réussi enfin à vaincre le signe indien. Voilà un nouveau trophée qui ne fait qu'enrichir notre palmarès déjà fort élogieux et encourager la JSK à aller encore de l'avant”, dira le président Hannachi, visiblement tout heureux d'avoir ajouté une page dorée à l'histoire fabuleuse du club de ses premières amours. “J'ai déjà perdu en 2007 une finale avec l'USMA contre le MCA et je tenais à gagner celle-là pour la première fois. Maintenant que c'est fait, je dis bravo à tous les joueurs, les dirigeants et les supporters de la JSK. Après avoir gagné la Coupe de Tunisie la saison dernière avec l'Olympique de Béja, voilà que je récidive cette année avec la JSK. C'est fabuleux non ?” dira l'entraîneur en chef, Rachid Belhout, au milieu de ses poulains gagnés par l'euphorie des grands jours. Alors que les Canaris fêtaient ce sacre sans retenue, le jeune Malgache, Ibrahim Amada, qui a débarqué à Tizi Ouzou l'hiver dernier, avait bien du mal à contenir son émotion et sa fierté dans le temple mythique du football algérien. “On m'avait dit qu'une finale de Coupe d'Algérie était un événement extraordinaire à vivre, mais je ne savais pas qu'il pouvait atteindre de telles proportions”, dira le sympathique malgache qui n'a pu être incorporé en cours de match mais qui gardera certainement des souvenirs inoubliables de cette finale somptueuse. “Laissons les gars faire la fête au moins pour un journée car n'oublions pas que nous avons une revanche à prendre vendredi contre les Gabonais de FC Missile en Coupe de la CAF. À Libreville, nous avons fait l'objet d'une grande injustice et nous ferons tout pour prendre notre revanche sportive vendredi”, conclut Belhout, un technicien expérimenté qui n'a pas pour habitude de verser dans l'euphorie et l'autosatisfaction.