La communauté internationale, le Pakistan en particulier, était hier sur le qui-vive craignant des représailles de cellules d'El-Qaïda après l'élimination au Pakistan d'Oussama ben Laden par un commando des forces spéciales américaines. Les avertissements sur de possibles représailles se sont multipliés et plusieurs pays ont renforcé leurs mesures de sécurité. Les Etats-Unis ont ainsi émis un bulletin d'alerte à leurs forces de l'ordre, tandis que l'ambassade et les consulats des Etats-Unis au Pakistan ont été fermés au public mardi “jusqu'à nouvel ordre”. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, qui a piloté l'opération d'élimination, a averti qu'il était “presque certain” que les partisans de ben Laden allaient chercher à le venger. Le département d'Etat a appelé les ressortissants américains à la prudence à l'étranger. La ministre américaine de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, a néanmoins précisé qu'aucune menace imminente d'attentat ne planait sur les Etats-Unis et que le pays ne relevait pas son niveau d'alerte. Les talibans pakistanais alliés à El-Qaïda ont juré de venger ben Laden, promettant d'attaquer des cibles américaines et le gouvernement d'Islamabad. Déjà ensanglanté par des attentats très réguliers des talibans alliés d'El-Qaïda, le Pakistan s'apprête à vivre des jours difficiles. Une situation inconfortable pour un pays accusé par Washington de double jeu dans la lutte contre le terrorisme et qui doit gérer une opinion publique antiaméricaine. À Islamabad, comme dans les zones sensibles de plusieurs villes, la sécurité a été considérablement renforcée dès lundi. Plus de 24 heures après la mort de “Geronimo”, le nom de code d'Oussama ben Laden lors de l'opération des Navy Seals de la marine américaine, les détails sur l'opération de 40 minutes conduisant à la mort du symbole du “jihad international” au XXIe, ainsi que sur la traque conduisant à sa localisation, sont distillés au compte-gouttes. La Maison-Blanche a notamment raconté les minutes “longues comme des jours” vécues par Barack Obama, son vice-président Joe Biden et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, réunis dans la “Situation room”, la salle de crise, sous l'aile ouest de la Maison-Blanche. Sur une photo diffusée par l'administration américaine, Barack Obama apparaît les mâchoires serrées, l'air grave et concentré, alors que Mme Clinton porte une main à la bouche, semblant inquiète. Selon le New York Times, les responsables américains se détendent après l'annonce du patron de la CIA, Leon Panetta : “Geronimo was now EKIA”, l'ennemi ben Laden a été tué au combat en anglais. “Le monde est plus sûr, c'est un endroit meilleur après la mort d'Oussama ben Laden”, s'est félicité Barack Obama lundi, 12 heures après avoir annoncé au monde l'élimination du chef d'El-Qaïda. Il se rendra jeudi à New York, à Ground Zero, sur le site des tours jumelles détruites, pour rencontrer des familles de victimes du 11-Septembre. Dans la soirée, M. Obama a appelé les élus américains à se servir de la mort de ben Laden pour surmonter leurs différends et raviver l'unité qui avait prévalu juste après les attentats.