Cette scène fait désormais partie du décor qui meuble la place du 1er-Mai à Alger : un groupe d'irréductibles militants du changement complètement submergé par une nuée de policiers en tenue ou en civil qui encerclent les quatre coins de cette “agora”. Hier encore, les militants de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) avaient du mal à se regrouper à leur place habituelle pour réitérer leur exigence de départ du système politique. Les policiers les ont cantonnés dans les cafés des alentours. “Plus de 40 personnes sont poussées par les policiers à l'intérieur des cafés et des immeubles. Comment voulez-vous que les gens viennent marcher ?” s'est indigné Omar Abed. Il a fallu attendre 11h pour qu'un rassemblement puisse se former autour du vieux militant des droits de l'Homme, Ali Yahia Abdennour. À ses côtés, Rabah Boucetta (RCD), Omar Abed (Association des victimes de la faillite de la banque El Khalifa), Azwaw Hadj Hamou (AVO88), etc. Les mêmes slogans (“Le peuple veut la chute du système”, “Algérie libre et démocratique”…) sont entonnés par les manifestants. Quelque temps plus tard, Moulay Chentouf (PLD), Harchaoui (MDS), Mme Chitour et Moula (Mouvement citoyen) ont réussi à rejoindre le groupe d'Ali Yahia. “On est là chaque samedi pour le symbole que représente ce rassemblement. Il faut reconnaître que le système d'empêchement des citoyens de rallier le rassemblement s'est perfectionné. Les policiers nous ont complètement neutralisés. Et, dans ces conditions, tenir quand même un rassemblement relève de l'exploit et constitue une preuve de tolérance dans nos revendications”, témoigne Mme Chitour Boumendjel. “On est en face d'un Etat voyou, mais nous, nous ne sommes pas des voyous. Il viendra le jour où Bouteflika partira”, s'est écrié Omar Abed. “Je suis scandalisé par le fait que ce soit Raffarin qui informe les Algériens sur la santé du Président. Notre souhait est que des médecins algériens puissent faire le bilan de santé du Président”, assure M. Yahou, un militant de la CNCD. Un journaliste étranger, qui venait d'interviewer Ali Yahia Abdennour, a failli être embarqué par un policier en civil si ce n'était l'intervention d'un officier. Vers 12h30, les manifestants se sont dispersés dans le calme.