L'initiative populaire Nabni (Je construis) semble bien partie pour se… construire ; trois semaines après son lancement, 30 mesures ont été déjà dégagées sur l'ensemble des 100 prévues avant le 5 juillet 2011. C'est du moins l'idée que se font, à présent, ses initiateurs, des chefs d'entreprise en majorité, lesquels ne veulent se reconnaître dans nul cadre politique ou appartenance partisane. Même s'ils savent bien que ces mesures, une fois finalisées, ne peuvent être mises en œuvre sans la volonté du politique ! Or, l'initiative n'accueille pas forcément l'assentiment des internautes, sinon leur “méfiance” d'où les vives critiques dont elle fait l'objet. Cette problématique, qui taraude donc les esprits de nombreux algériens, et suscite naturellement leurs interrogations, ne semble, toutefois, guère affecter l'“engagement” des initiateurs de Nabni à aller jusqu'au bout de leur ambition. C'est ce qu'ils ont, d'ailleurs, tenté d'expliquer hier à Alger, lors d'une conférence-débat conjointe, présentée comme “premier zoom” sur l'initiative lancée le 13 février dernier. Au cours de cette rencontre, modérée par Ihsan El-Kadi, journaliste, directeur de publication du journal électronique Maghreb émergent, MM. Hassen Khelifati (responsable d'Alliance assurance), Najy Benhassani, (économiste), Liès Chitour, (économiste), Hamdi Rostane, (consultant), Abdelkrim Boudra, (porte-parole de Nabni), et d'autres adhérents de l'initiative, ont tenu en effet, à justifier leur “indépendance et leur neutralité” par rapport à toute tendance partisane et/ou politique. Qui est derrière cette initiative ? Qui sommes-nous vraiment ? Est-ce réaliste d'imaginer que 100 mesures pourraient être mises en œuvre en 12 mois ? Qui pourra le faire et comment seront-elles concrétisées ? Ou en encore, ces “mesurettes” sont-elles en rapport avec les grands chantiers de réformes annoncées par le président de la République ? Ce sont autant de questions des internautes auxquelles ont tenté de répondre tour à tour – franchement approximativement – les initiateurs de Nabni ; eux qui ne croient qu'à “la volonté citoyenne pour faire changer les choses”. Et Nadji Hassani d'ouvrir le bal des justifications. “Notre initiative est partie d'une simple discussion entre cinq à sept amis. notre volonté de contribuer concrètement à faire bouger les choses et provoquer le changement dans notre pays nous a aussitôt poussés à accentuer notre réflexion pour lancer l'initiative après seulement trois semaines de travail.” à son tour, M. Khelifati expliquera que “dès le départ, nous avons soutenu cette initiative en tant que citoyens. Le seul objectif que nous avions tracé était de faire avancer les choses, de participer pour contribuer à proposer des mesures pérennes”. Se voulant plus convaincant, M. Boudra, porte-parole de Nabni, assène : “Il est temps de se démarquer de la pédagogie de l'impuissance. Pour l'instant, l'essentiel pour nous est de produire des idées en proposant des mesures pragmatiques. Quant à leur application, nous n'en faisons pas un cas ; nous ne sommes pas concernés !” En fait, quel poids aura une force de propositions, lorsqu'elle ne se voit pas en mesure de devenir une force d'action ? Nabni 2012 se veut comme un vivier de propositions, de mesures visant à changer, à court terme, le quotidien des algériens. Le financement de l'initiative, provenant des “contributions individuelles et volontaires” de ces membres, s'élève jusque-là à 200 000 DA. Les “grands chantiers” sont inscrits dans le cadre du prolongement de l'initiative Nabni 2020. Ces chantiers, explique-t-on, requièrent de “la préparation et plus de consensus”. à la question de savoir si Nabni a un rapport avec les réformes annoncées par le président de la République, ses initiateurs se disent “neutres” par rapport à celles-ci, jugeant que ces “grandes réformes conflictuelles et sensibles” dépassent leur “humble” initiative. Toutefois, ils n'écartent pas la possibilité de voir les positions de Nabni venir en appoint avec les réformes de l'état.