Ils viennent du monde académique, du secteur public ou de la société civile, résident en Algérie ou ailleurs, mais tous ont en commun une foi inébranlable en l'Algérie et la volonté d'apporter des solutions concrètes à ses tourments. Ils viennent de créer une nouvelle initiative : Nouvelle Algérie bâtie sur de nouvelles idées (Nabni), apolitique et non partisane. Leur site internet, ouvert à tous, soumettra chaque mercredi dix propositions à l'aval d'experts. Objectif : un an pour les concrétiser. Du 5 juillet 2011 au 5 juillet 2012, s'amorceront réflexions et débats sur l'Algérie de 2020. Les explications de Abdelkrim Boudra, le porte-parole. -Comment est née cette initiative ? Nouvelle Algérie bâtie sur nouvelles idées (Nabni) est une initiative citoyenne née dans la tête de quelques personnes qui ont décidé de réfléchir à des formes pour contribuer au débat sur des questions économiques et sociales. Ouverte à tous à travers le site internet nabni.org, elle se déroulera en deux temps. Au cours de Nabni 2012, une série de mesures seront proposées semaine par semaine. Chaque mercredi, dix propositions seront soumises au débat par les internautes. La seconde étape, Nabni 2020, qui débutera le 5 juillet 2011, consistera à préparer, suivant la même méthodologie, un document prospectif pour l'Algérie de 2020, fait de stratégies sectorielles détaillées. Et on espère, à travers ces échanges et l'apport d'experts et des gens sur le terrain, proposer des choses qui peuvent contribuer à améliorer la vie des Algériens. Notre souhait, c'est d'arriver au 5 juillet 2011 avec une plateforme de cent mesures qui pourraient être mises en œuvre pendant l'année du cinquantenaire. -Pourquoi avoir choisi de prendre pour symbole le cinquantenaire de la révolution ? Parce que c'est un symbole important. Le 50e anniversaire de l'indépendance est l'occasion de réfléchir sur le devenir du pays. Mais nous nous plaçons sur le terrain du concret. En sachant que l'initiative est totalement apolitique et non partisane. l Vous êtes-vous inspiré d'expériences similaires à l'échelle internationale ? Pas exactement. Nous avons observé des expériences de réformes politiques et sociales qui ont réussi dans le monde. Des pays ont réussi à réaliser une réforme par jour. Je pense à des pays de l'Europe de l'Est, la Turquie, la Malaisie. C'est possible. Nous pensons pouvoir produire cent mesures au cours de l'année, soit deux mesures par semaine. Nous ne proposerons que ce qui est faisable à court terme pour ce qui est de la première partie du projet. Si vous prenez la série des dix mesures d'aujourd'hui, toutes sont réalisables dans un délai d'une année. -Qu'en est-il de la concrétisation de ces idées ? Ce que nous pouvons faire, c'est de proposer. Ensuite, il appartiendra aux pouvoirs publics et à l'administration de les mettre en œuvre. Nous espérons que nos idées intéresseront et seront appliquées. Nous attendons des médias, des associations, des think tanks…de reprendre ces idées, de les défendre. Nous avons bon espoir. C'est un exercice exaltant que nous voulons mener à temps. Nous ne sommes pas dans la critique, le déni ou le dénigrement, mais la proposition concrète. -L'outil que vous avez choisi n'exclut-il pas l'écrasante majorité des Algériens qui n'ont pas accès à internet ? Nous avons décidé de nous lancer en faisant ce que nous pouvions faire. La plateforme est lancée, elle est fonctionnelle et bilingue. Il y a une page facebook, Twitter. De nombreux Algériens sont déjà concernés. A travers les médias, nous espérons toucher un public plus large. Plus tard, nous espérons pouvoir réaliser des rencontres sur le terrain en dehors d'Alger si nos moyens le permettent. -Cette initiative est-elle une façon de contribuer à combler un manque de dialogue dans l'espace public ? Contribuer, oui, mais de manière pragmatique. Nous sommes sur le terrain du pragmatique, des mesures et du concret. Il y a une façon de penser le problème et une façon de régler le problème. Pour penser le problème, il faut être général, global, systémique. Pour résoudre le problème, on ne peut pas procéder de la même façon. Il faut sortir du carcan des stratégies et des politiques, c'est lourd, ça prend du temps et c'est difficile à mettre en œuvre. En revanche, si on prend des problèmes concrets en essayant d'arranger un décret, d'apporter une mesure, de changer une institution simplement, avec du recul, ça peut fonctionner. Si nous cumulons cinq ou six mesures dans un domaine, je pense que ça produira un changement. En enclenchant cette dynamique, si on y croit, on sera en mesure de réaliser vingt, trente ou quarante mesures.