L'argent de la publicité doit être partagé de manière “équitable” entre les agences de communication et de publicité dûment accréditées, ont recommandé des éditeurs de presse, hier à Alger, au deuxième jour des 5es journées euromaghrébines de la communication publicitaire. “L'argent de la publicité doit être partagé de manière équitable entre des agences de publicité sérieuses et respectant leur cahier des charges” de manière à en faire bénéficier tous les titres de la presse nationale, a indiqué dans son intervention le directeur de la publication du quotidien La Tribune, Hacène Bachir-Chérif. Pour lui, “des lobbies dominent le marché de la publicité en Algérie” et il s'agit, par conséquent, de casser le “diktat des opérateurs publicitaires”. Ce responsable de publication a relevé que les journaux algériens évoluaient dans un environnement socioéconomique “hostile” avec l'existence de quelque 2 500 agences de publicité et une cinquantaine de diffuseurs. Il a, en outre, déploré qu'“aucun opérateur, selon lui, ne signe de contrat de publicité annuel avec les journaux qui travaillent souvent par à-coups dans une anarchie subjective”, relevant que quatre pages de publicité permettent généralement à un journal d'avoir un chiffre d'affaires “correct” lui permettant tout juste de payer son personnel et faire face aux diverses charges. De son côté, le directeur de la publication du quotidien Liberté, M. Abrous Outoudert, a estimé que la publicité institutionnelle était “un marché qui n'est pas réparti de manière équitable”, et pense que des titres de presse “risquent de disparaître si jamais ils sont privés de cette publicité”. Il a ainsi suggéré que les éditeurs soient associés à “l'élaboration et la rédaction de la nouvelle loi sur la publicité”. Evoquant la situation comptable de son journal, il a indiqué que la publication est vendue “à perte”, puisque les ventes (à bas prix) représentent 40% des recettes et la publicité 60%, sachant que le prix de vente public des quotidiens (10 DA) n'a pas connu d'augmentation depuis 1997, alors que presque tous étaient imprimés sans la couleur. Il a expliqué qu'aujourd'hui l'imprimerie prélevait toujours sa quote-part de 6 DA par exemplaire, et 2 DA par journal vendu sont versés au diffuseur. “L'éditeur ne prend que 0,80 DA, le coût d'impression d'un journal de 24 pages étant à présent de 7,20 DA”, selon M. Abrous. Devant ces réalités arithmétiques, ce responsable de publication admet qu'il est “obligé”, pour augmenter ses rentrées d'argent frais, d'accepter le nouveau format de la publicité choisi (imposé ?) par les annonceurs. “Des fois, on est obligé de chambouler des pages de rédaction, la une ou la 24 (dernière page) pour insérer des annonces publicitaires”, a expliqué le directeur de Liberté, précisant que des annonceurs achètent de plus en plus d'espaces (carrés, losanges) sur des pages de rédaction alors qu'auparavant, des pages leur étaient réservées dans à l'intérieur du journal. En ce sens, il a fait observer qu'il s'était retrouvé “en train de gérer une entreprise et pas un journal”, mais sans toutefois que les annonceurs ne s'immiscent dans le contenu et la ligne de la publication, a-t-il assuré.