Par devoir de conscience, ces auxiliaires médicaux ont démontré l'esprit professionnel qui les anime en assurant, hier et lundi dernier, un service minimum afin d'opérer les sujets lourds. Mais ce n'est que partie remise puisqu'ils comptent récidiver la semaine prochaine. Néanmoins, jusqu'à quand ? Le mouvement de contestation des auxiliaires médicaux en anesthésie est loin de connaître son épilogue si l'on se fie aux derniers développements. Si le sit-in observé lundi dernier a connu un taux de suivi appréciable, celui d'hier a réussi à mobiliser plus de 7 000 anesthésistes à travers plusieurs wilayas du pays. Ainsi le sit-in de lundi a été suivi par un taux estimé à plus de 70% des adhérents venus des 48 wilayas au CHU Mustapha-Pacha d'Alger. Celui d'hier, en revanche s'est propagé à d'autres structures sanitaires comme les établissements publics hospitaliers (EPH) totalement paralysés pendant plusieurs heures. Toutefois, et par devoir de conscience, ces auxiliaires médicaux ont assisté les chirurgiens et les chefs de service pour opérer des malades lourds. Selon une source proche du collectif au sein duquel ces auxiliaires sont regroupés, la plupart des wilayas ont répondu au mot d'ordre lancé la semaine dernière : “Nous poursuivrons la contestation jusqu'à satisfaction de notre plate-forme de revendications. Le ministère de tutelle veut nous noyer dans un syndicat parallèle. De faux représentants parlent en notre nom et le ministère a proposé un semblant de statut qui ne répond ni à notre profession ni à nos exigences, encore moins aux propositions que nous avons formulées”, nous dira un membre dudit collectif. Partant du fait que l'ancien statut ne consacre pas une couverture juridique des anesthésistes, ce collectif dénonce la politique du deux poids deux mesures, faisant allusion au nouveau statut récemment accordé par le département de Djamel Ould-Abbès aux sages-femmes. “Nous aussi nous voulons que l'accès à ce corps de métier soit soumis aux conditions minimales, à savoir bac + 5. De plus, l'actuel régime indemnitaire a provoqué la saignée dans les CHU et les secteurs sanitaires”, clamera un autre membre de la même organisation. Il faut dire que ces auxiliaires puisent leur force de la nette conviction que les choses doivent évoluer et que l'actuel ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière est persuadé de la légitimité de leurs revendications. “Notre tutelle sait pertinemment que nous avons raison. Mais le fait que nous sommes représentés par des pseudos syndicalistes, elle continue à faire dans le pourrissement. Nous allons encore récidiver et nous mettrons le holà pour arracher notre statut”, explique notre interlocuteur. à en croire la version des organisateurs, ces auxiliaires sont considérés comme des infirmiers diplômés d'état alors que les actes médicaux qu'ils accomplissent sont spécialisés et, par ricochet, nécessitent une formation approfondie à l'université ou dans un institut spécialisé. Ceci non seulement pour la préparation du malade avant l'opération, mais aussi pour assurer un suivi post-opératoire. “L'opinion publique doit savoir que sur 240 hôpitaux que compte l'Algérie, près de 200 établissements ne sont pas médicalisés. Ils fonctionnent sans anesthésistes et sans réanimateurs”, précisera un autre interlocuteur. Du coup, tous les arguments forts sont réunis pour que les protestataires reconduisent encore leur mouvement dans les jours à venir. Mais jusqu'à quand ? Surtout que les autres catégories médicales ont réussi à arracher le principe de statut, des augmentations de salaires et la révision à la hausse du régime indemnitaire. Et si pour le moment la protesta se limite à organiser des sit-in au sein des CHU et des EPH, il est clair que les auxiliaires médicaux en anesthésie maintiennent le recours à une démission collective.