Les récentes décisions, prises par le gouvernement et qui se traduisent par des mesures financières dans la loi de finances (LFC) 2011, ne sont pas tenables sur le moyen terme. C'est ce qu'on est tenté de comprendre à la lecture des dispositions de cette loi de finances complémentaire répercutée par Algérie Presse Service. “Le projet de LFC 2011 met en garde contre la poursuite d'un tel profil budgétaire, sur le moyen terme, et relève qu'un tel scénario pourrait se traduire par un effet d'éviction du marché, de l'économie réelle avec des pressions sur les taux d'intérêt débiteurs, des tensions inflationnistes avec les risques d'érosion du pouvoir d'achat des ménages et des tendances à l'emballement de la dette publique interne”. Il est utile d'expliquer, à ce sujet, que le profil budgétaire de 2011 indique que la dépense publique de l'état connaîtra une forte hausse à travers la LFC 2011. En ce sens que la dépense publique progresserait de 25% comparativement à la loi de finances initiale pour 2011, “sous l'effet combiné d'un accroissement de 24,9% pour les dépenses de fonctionnement et de 25% pour les dépenses d'équipement, alors que les recettes budgétaires ne s'accroîtraient que de 6,8%”. Dans ce cadre, le projet de loi de finances complémentaire 2011 a prévu 4 291 milliards de DA aux dépenses de fonctionnement contre 3 434 milliards de DA dans la loi de finances initiale, soit une progression de 857 milliards de DA. Il est expliqué à ce sujet que “cette hausse dans les dépenses de fonctionnement est imputable, principalement à la constitution d'une provision de 400 mds de DA pour les régimes indemnitaires des fonctionnaires, y compris leurs rappels, et 177 mds de DA de subventions supplémentaires pour la stabilisation des prix du blé, de l'huile, du lait et du sucre, portant ainsi cette subvention de 93 mds de DA à 270 mds de DA pour l'année 2011”. Une dotation additionnelle de près de 47 mds de DA pour le renforcement du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) des jeunes, l'augmentation du programme de travaux à haute intensité de main-d'œuvre (Tup-imo) avec une incidence budgétaire de 40 mds de DA pour l'ouverture de 18 000 nouveaux chantiers sont également au programme. Devant ce cas de figure, le projet de LFC 2011 note que les dépenses de fonctionnement atteignent un niveau dont la couverture par les produits de la fiscalité hors pétrolière n'est plus que de 35%, et relève que ces produits “couvriront de moins en moins les dépenses de fonctionnement”. Autrement dit, la couverture de cette dépense viendrait éroder les produits de la fiscalité pétrolière destinés, en principe, au financement des programmes d'équipement publics. Dans ce contexte, il est noté que “la dépense de fonctionnement demeurera tendue du fait que de nouveaux statuts particuliers paraîtront en 2011 et probablement au-delà, ce qui aura une incidence directe sur le niveau des rémunérations à venir et de la prise en charge des rappels depuis janvier 2008”. Dans le même temps, il est expliqué que les équilibres budgétaires seront tendus en 2011, “au regard du déficit du Trésor estimé à 4 693 mds de DA dont la résorption nécessiterait un prix du baril de pétrole à 137 dollars”. Toutefois, “ces équilibres demeurent soutenables, si l'on se réfère à l'épargne publique accumulée, à fin décembre 2010 qui est de l'ordre de 4 843 mds de DA augmentée des flux financiers prévisibles pour 2011 de l'ordre de 1 700 mds de DA”. En outre, le déficit budgétaire, prévu par le projet de loi de finances complémentaire pour 2011 “s'aggraverait fortement” sous l'effet de la dépense publique à 33,9% du PIB. Le projet de LFC pour 2011 prévoit un déficit de 4 693 milliards DA (mds DA), soit un ratio par rapport au PIB de 33,9%, contre 3 355 mds DA dans la loi de finances initiale. Par ailleurs, des révisions ont été introduites par le projet de budget pour 2011. Il s'agit, entre autres, du prix du baril du pétrole brut qui passe de 60 dollars dans la loi de finances pour 2010 à 90 dollars dans la LFC 2011. “Cette correction se réfère au prix moyen annuel d'exportation observé en 2010 (79,9 dollars/b) et à la tendance du marché pétrolier en 2011”, selon le projet, qui souligne que le prix à l'exportation du brut s'est situé, en moyenne, à 106,9 dollars/b au 1er trimestre de 2011.