Du haut de ses 67 ans, cette dame porte dans son style le trait d'un enfant qui peint à travers des toiles naïves, mais expressives. “J'aime le bleu du ciel et le crème de la terre”, confie-t-elle. Mme Imarzouken Baya peint son quotidien, à travers des symboles : le soleil, les étoiles, le ciel et la terre, les papillons, les fleurs et les oiseaux, mais soudain, d'étranges créatures errantes, secouant le printemps, viennent perturber un moment d'éveil. Une vingtaine de ses peintures sont, depuis mardi dernier, exposées à la maison de la culture Mouloud-Mammeri à Tizi Ouzou. Entre le bien et le mal, cette lutte intérieure est retrouvée dans ses peintures Oh ma vie !, l'An 3000, l'Empreinte, l'Au-delà, Dépression…, est un univers de questionnement et d'émotion peint sincèrement. Elle assume sa touche, son rôle de peintre et aussi de grand-mère. Le visiteur est gâté, il admire la peinture et reçoit un conseil sur la vie, prodigué par une vieille mémoire. Le sujet, elle le puise de son vécu, dans ses souvenirs. Elle nous emmène comme dans un conte pour enfant, nous livre à un monde d'anges et de fées, dans un univers mystique, puis nous libère, dans un autre espace où elle a une pensée pour les peuples opprimés, comme la Palestine “trahie”. Suivant des techniques mixtes, un style qui diffère d'une peinture à une autre, selon des aplats et des formes organiques, la perspective est signifiée dans le sujet. Loin de tout acte académique, elle se laisse guidée par son propre amour pour la peinture. Elle fait le voyage à sa façon, avec une dominance de couleurs chaudes, mais tout au bout, on arrive à y voir quelque chose, la sagesse de cette femme exceptionnelle qui se confesse. Le papillon, symbole du printemps, prend un autre sens chez Na Baya. Il est cette intelligence qui chasse le délire d'une femme et la folie d'un homme