“Le processus de réformes engagées par l'Etat, depuis 1989, a subi jusqu'à présent un cours chaotique, car les objectifs fondamentaux tracés n'ont pas été atteints.” Le docteur Salah Mouhoubi, politologue et expert financier, estime que le développement suivi par l'Algérie reste inachevé, la démocratie projetée est à construire et l'Etat de droit, tant souhaité par les populations, à consolider davantage. Ce constat, peu reluisant, met en exergue, selon lui, la nécessité de parfaire le projet de réformes afin de l'adapter aux exigences de la mondialisation. C'est dire que le programme de réformes décidé par le président de la république tombe à point nommé. Celui-ci devrait être réalisé tout en tenant compte, indique le Dr Mouhoubi, de la “tourmente” qui secoue actuellement le monde arabo-musulman. Le mouvement de révolte déclenché dans plusieurs pays arabes véhicule en son sein, avertit cet économiste, des menaces sérieuses pour notre pays. “Car, il n'est que la concrétisation du projet américain qui ne dit pas son nom”, commente-t-il. Pour lui, c'est dans ce contexte qu'il faut apprécier le projet présidentiel de réformes. Salah Mouhoubi affirme que l'initiative du premier magistrat du pays permet de réaliser une double finalité. Le projet va d'abord consolider l'Etat de droit et la démocratie qui doivent déboucher inévitablement sur l'émergence d'un nouveau paysage politique donc d'une classe politique rénovée et d'hommes politiques nouveaux. “Outre le respect des libertés individuelles et collectives, ce projet devra parachever les réformes économiques afin de débarrasser l'Algérie de l'économie de bazar, du marché informel et de la corruption”, souligne encore l'expert. D'où la nécessité de créer toutes les conditions pour bâtir une économie diversifiée, densifiée et compétitive en dehors des hydrocarbures, suggère le Dr Mouhoubi, qui a animé hier au centre des loisirs scientifiques d'Alger-centre une conférence ayant pour thème : “quelles réformes pour l'Algérie face au défi de la mondialisation”. En termes plus clairs, le conférencier souhaite que les erreurs du passé ne soient pas commises de nouveau. “Notre pays a tenté de s'adapter auparavant à la mondialisation à son rythme, mais avec des objectifs non clairement définis”, relève-t-il. L'Etat a, constate-t-il, instauré une démocratie de façade qui a donné lieu à des dérives dont a souffert le peuple depuis le début des années 1990. “Au lieu de nous lancer dans une économie de marché, nous avons eu droit à une économie de bazar”, déplore-t-il. Par ailleurs, Salah Mouhoubi met l'accent sur l'importance de ces réformes en concluant : “si nous ne réussissons pas ce pari, l'Algérie sera confrontée à des instabilités chroniques et surtout des dangers qui pourraient porter atteinte à notre unité nationale et territoriale.”