Quelles sont les vulnérabilités de l'Algérie ? Ceci a constitué l'essentiel de l'intervention du Dr Salah Mouhoubi, expert économique et membre du Cnes au cours de la seconde journée de la rencontre parlementaire sur la défense économique. Démarrant de la définition qu'"être vulnérable veut dire être susceptible à être attaqué et abattu, de souffrir de faiblesse économique ou disposer d'un territoire et d'une position géopolitique qui posent des problème", cet expert a affirmé que l'Algérie est l'un des pays les plus vulnérables au monde. A ce titre, il a expliqué que l'Algérie, sans les hydrocarbures, figurerait sur la liste des PMA en mettant en exergue le fait que la structure du PIB, des échanges commerciaux et des recettes budgétaires fait apparaître la part disproportionnée des hydrocarbures. Ainsi, l'économie de l'Etat ne fonctionne que grâce à la manne pétrolière. A cet effet, selon M. Mouhoubi, la survie de l'Algérie, et donc la sécurité nationale, dépendent étroitement d'une seule ressource épuisable, et de surcroît, soumise aux aléas de la conjoncture internationale. L'embellie financière, tout en permettant de financer les programmes de développement en cours et de constituer de fortes réserves de change, a mis à nu, selon l'expert, aussi paradoxal que cela puisse paraître les vulnérabilités du pays, à travers notamment, la crise alimentaire mondiale. Dans le même cadre, il a soulevé que non seulement l'Algérie n'a jamais atteint l'objectif stratégique de sécurité alimentaire mais sans les hydrocarbures il lui aurait été quasiment impossible de régler la facture de ses importations. Il faut rappeler que cette dernière a atteint plus de 27 milliards de dollars en 2007, selon les statistiques officielles. Cependant, selon M. Mouhoubi, les vulnérabilités de l'Algérie ne sont pas exclusivement d'ordre économique. Dans cet ordre d'idées, il a évoqué l'existence de territoires immenses, semi arides dépourvus des ressources hydriques suffisantes, menacés par la désertification rampante, inégalement occupée par la population et des infrastructures saturées dans certaines régions, ainsi que l'existence de terres agricoles limitées et d'une érosion continue. A cela, il a ajouté le développement économique inachevé car "chaotique". A ce titre, il expliqué que l'Algérie a connu depuis 1962, six étapes de mise en œuvre de politique de développement mais elle n'a pas connu de période continue en matière de développement. A l'exception de la période 67/79 et celle qui s'ouvre en 99, toutes les autres se caractérisent par l'instabilité, des remise en causes et des crises majeures. Par conséquent, il est important et urgent, selon cet expert, de cerner ces vulnérabilités. La réduction des plus graves dans les 10 ans à venir, est une condition sine qua non pour assurer un avenir maîtrisé à l'Algérie. Il faut aussi, selon lui, aller à l'horizon 2030 vers la consolidation d'une économie hors hydrocarbures. Pour atteindre cet objectif, il faut, selon M. Mouhoubi, que l'autorité de l'Etat soit affirmée avec la stabilité. Aussi, l'Algérie doit se débarrasser définitivement de sa frilosité pour s'engager dans la compétition internationale et se battre pour prendre des parts de marchés étrangers. Pour sa part, M. Djoudi Bouras , expert et membre du Cnes a évoqué l'importance de la décentralisation pour favoriser le développement par territoire à travers une réforme de la fiscalité locale et l'ouverture aux internationaux. Il a également évoqué la promotion de la bonne gouvernance pour pouvoir défendre l'économie du pays, ajoutant que le code d'investissement n'est pas suffisamment étoffé pour attirer les IDE.