Un prix d'interprétation à une prestation collective de femmes, guidées par la matriarche Biyouna qui a campé brillamment le rôle de “vieux fusil”, dans le film la Source des femmes du Franco-Roumain, Radu Mihaileanu. Cannes 2011 s'apprête à baisser rideau et annoncer les heureux lauréats dans les diverses sections. Retour sur les moments marquant et les prétentions des uns et des autres. Cette édition aura été celle de toutes les incertitudes. L'événement le plus spectaculaire et inattendu reste la déclaration par les organisateurs du réalisateur danois, Lars Van Trier, comme “persona non grata” au festival. Cela est survenu suite à ses propos humoristiques tenus lors de la conférence de presse, autour de son film Melancholia, en compétition officielle pour la Palme d'or. En effet, il a déclaré avoir de la “sympathie pour Hitler” et qu'Israël “fait chier”. Les plates excuses qui en ont suivies n'ont pas suffi puisque le conseil d'administration a décidé de le déclarer “persona non grata”. De leur côté, les très attendus films iraniens, introduits à la dernière minute, n'ont pas fait grande sensation. Abstraction faite du contexte politique pesant qui impose à chacun sympathie et solidarité avec les cinéastes iraniens, Ceci n'est pas un film de Jafar Panahi et Au revoir de Mohammad Rasoulof ont laissé les journalistes mitigés au point où Jafar Panahi n'a été applaudi que timidement. Parmi les autres événements qui ont fait parler d'eux, figurent les révolutions égyptienne et tunisienne. La polémique autour de la présence de l'Egypte est allée grandissant avant de s'essouffler. Certes, cette présence à Cannes a donné de la visibilité à l'Egypte, mais il est très difficile de savoir si cela aura des retombées sur le cinéma égyptien puisque beaucoup ont relevé le manque d'organisation qui va sûrement desservir la rentabilité de cette présence. A contrario, les Tunisiens, semble-t-il, ont mieux géré les choses : les projections combinées avec des rencontres, des débats, la Légion d'honneur pour Nourrir Bouzid et la présence dans divers stands, a fait dire à plus d'un que cette présence a permis de lancer de nombreux projets. S'agissant des prétentions des uns et des autres, parmi les favoris qui reviennent dans la bouche des festivaliers figurent Nanni Moretti avec Habemus papam, Aki Kaurismäk avec Havre et les frères Dardenne avec le Gamin au vélo. Terence Malick qui a été hué lors de la projection de presse de son film mystique The tree of life et le banni Lars Van Trier avec son film catastrophe Melancholia gardent toutes leurs chances. Dans le registre du prix d'interprétation masculine, deux noms reviennent sans cesse : il s'agit de Michel Piccoli dans Habemus papam et Sean Penn dans This Must Be the Place est de Paolo Sorrentino. En revanche, la nouvelle découverte des Dardenne à savoir Thomas Doret qui joue le rôle du gamin rejeté par son père risque de leur faire de l'ombre. Concernant le prix d'interprétation féminine, Cécile de France avec son jeu sobre et touchant va rivaliser avec un prix décerné à toutes les femmes, toutes belles et combatives guidées par la matriarche Biyouna, du film la Source des femmes même si ce dernier, très hué par la presse, manque de souffle et parsemé de clichés. Ainsi sous le commandement de Biyouna, les actrices du film marchent vers le prix d'interprétation féminine et du coup risque de sauver le film du naufrage.