Les principaux quotidiens israéliens évoquaient hier les capacités de frappes de l'Etat hébreu contre le potentiel nucléaire de l'Iran, à la suite d'informations en ce sens parues à l'étranger. Yédiot Aharonot, Maariv et Haaretz font état d'un article du Los Angeles Times selon lequel Israël a modifié des missiles de croisière d'origine américaine embarqués à bord de sous-marins, pour les équiper d'ogives nucléaires, se donnant ainsi la capacité de lancer des armes atomiques depuis la terre, l'air ou la mer. Les trois journaux reprennent aussi un article du magazine allemand Der Spiegel à paraître lundi selon lequel une unité spéciale du Mossad (sécurité extérieure) a reçu il y a deux mois pour mission de travailler à des plans d'attaque contre “une demi-douzaine de cibles” en Iran. Selon l'hebdomadaire, ces cibles —notamment trois sites nucléaires totalement inconnus de la communauté internationale — pourraient être détruites complètement et simultanément par des chasseurs-bombardiers F-16, une opération jugée réalisable par le Mossad. Le Maariv publie une carte de l'Iran indiquant où se trouvent, selon lui, les sites nucléaires susceptibles d'être attaqués ainsi que des prises de vue aériennes en médaillons de ces sites. Son confrère, le Yédiot, publie la photographie d'un sous-marin de la classe Dauphin de la marine israélienne, et explique, dessin à l'appui, comment ce bâtiment peut se rapprocher de l'ennemi et tirer des missiles de croisière à ogive nucléaire avec une précision extrême grâce à un guidage par satellite. Les journaux israéliens rappellent qu'en 1981, l'aviation israélienne a réduit à néant le programme nucléaire du président irakien Saddam Hussein en bombardant la centrale d'Osirak, près de Bagdad. Ils soulignent que la réédition d'une telle attaque contre l'Iran serait beaucoup plus complexe, car les sites nucléaires de ce pays sont dispersés sur un territoire très étendu dont la frontière orientale est située à 1 300 km des bases aériennes d'Israël, ce qui rendrait les appareils israéliens très repérables et vulnérables. Le Haaretz estime que les informations publiées à l'étranger sur les capacités d'Israël proviennent vraisemblablement de fuites récemment organisées, notamment en France et aux Etats-Unis, pour dissuader l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Des sources politiques israéliennes citées par le Yédiot Aharonot ont qualifié d'“imaginaires” les informations sur un projet d'attaque. Selon ces sources, à ce stade, l'option militaire contre l'Iran n'est pas retenue, bien que ce pays soit considéré comme l'ennemi potentiellement le plus dangereux d'Israël. Selon des experts étrangers, Israël dispose d'au moins 200 ogives nucléaires et des vecteurs adéquats pour les transporter. Israël a longtemps nié ses capacités nucléaires puis maintenu l'ambiguïté. En 1991, dans un documentaire de la télévision israélienne, Shimon Peres, alors chef de la diplomatie, a cependant pour la première fois révélé comment la France avait accepté en 1956 de doter Israël d'une “capacité nucléaire”. L'Etat hébreu n'a pas adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) prévoyant des contrôles internationaux des installations nucléaires des pays signataires.