Il faut être dupe pour espérer voir la couleur des quarante milliards de dollars promis par le G8 aux révolutions arabes, tant ces puissances mondiales font face à des difficultés financières insurmontables, et qu'elles n'ont pas encore tenu les engagements en faveur du Nepad africain lors du sommet de Gleneagles en juillet 2005. Pour encourager la démocratie dans le monde arabe, les huit pays les plus industrialisés réunis dans le G8 ont fait la promesse, à la fin de leur sommet de Deauville, d'une aide économique de quarante milliards de Dollars, pour principalement la Tunisie et l'Egypte. Voilà un air de déjà entendu. En juillet 2005 à Gleneagles, ces mêmes pays avaient pris l'engagement d'apporter un soutien financier à l'Afrique dans le cadre de son initiative du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (Nepad), mais l'argent en question n'est jamais arrivé à destination. En effet, deux années plus tard, les dirigeants G8 ont à nouveau rencontré à Heiligendamm, en Allemagne, leurs homologues des Etats africains initiateurs du Nepad, pour discuter de l'aide au développement de l'Afrique, alors que les promesses en la matière faites en 2005 n'ont pas été tenues. C'est dire que la Tunisie et l'Egypte révolutionnaires, qui ont reçu vendredi, au G8 de Deauville, la promesse d'une aide économique pour soutenir le “printemps arabe”, risquent d'attendre longtemps pour encaisser l'argent promis à la relance de leur développement. En cette conjoncture particulière de difficultés financières que vit la majeure partie des pays occidentaux, on a du mal à imaginer comment feront les membres du G8, pour dégager les quarante milliards de Dollars promis aux Tunisiens et aux Egyptiens. Nul n'ignore que les Etats-Unis éprouvent toutes les peines du monde à réduire leur déficit budgétaire annuel qui se chiffre en centaines de milliards de Dollars, et que l'Union européenne s'ingénie à trouver les ressources nécessaires pour voler au secours de ses membres, en particulier la Grèce, le Portugal, l'Espagne, actuellement en butte à des crises financières. Pour information Nicolas Sarkozy, qui a détaillé ce montant, a indiqué que 20 milliards proviendraient des banques de développement (hors Fonds monétaire international) d'ici 2013, plus une dizaine de milliards de dollars d'engagements bilatéraux, et une dizaine de milliards des pays du Golfe comme l'Arabie Saoudite, le Qatar ou le Koweït dans un fonds financier spécialement dédié. À propos de ces pays du Golfe, qui ont lancé l'initiative de créer un club fermé de monarchies arabes, à travers la récente invitation adressée au roi Abdallah II de Jordanie et au roi Mohammed VI du Maroc pour intégrer le Conseil de coopération du Golfe (CCG), il est clair qu'ils apportent leur contribution dans la seule perspective de se prémunir des révolutions arabes. Il suffit de voir le soutien total, notamment militaire, apporté au Bahreïn lors du dernier soulèvement populaire contre le régime en place, et les dispositions sécuritaires internes prises par l'ensemble des membres du CCG, pour comprendre que des accords sont conclus pour se serrer les coudes en cas de soulèvements populaires. Et, il ne faut pas être grand clerc, pour deviner qu'ils disposent de l'accord tacite de l'Occident, qui se garde bien d'exiger d'eux qu'ils organisent des élections, pour mener à bien leur mission de protéger leurs régimes contre… la démocratie.