Par Hassane Zerrouky Quoi qu�on pense de cette invitation, il faut bien convenir que c�est la premi�re fois que deux pays arabes sont invit�s � un sommet du G8 qui se tiendra les 26 et 27 mai � Deauville, en France. Les huit puissances les plus industrialis�es de la plan�te � les Etats-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l�Allemagne, le Japon, le Canada et l�Italie � vont d�cider d�une aide financi�re devant permettre � ces deux pays de faire face � leurs difficult�s �conomiques. Faut-il voir derri�re cette invitation du G 8 une �ni�me man�uvre �imp�rialiste� visant � r�cup�rer les �r�volutions� tunisienne et �gyptienne ? Soyons clairs, que ce soit en Tunisie ou en Egypte, il n�y avait pas de force politique � la t�te des mouvements populaires qui ont renvers� les dictatures en place. Il s�agit d�un processus historique in�dit ayant pris de court � la fois les classes politiques tunisienne et �gyptienne, mais aussi ces puissants de la plan�te qui avaient soutenu et couvert Ben Ali et Moubarak en qui ils voyaient un rempart contre la menace islamiste salafiste ! En outre, il faut cesser de voir derri�re tout mouvement protestataire une manipulation d�on ne sait qui ! Si aujourd�hui, apr�s la Tunisie et l�Egypte, la Syrie, la Libye, le Y�men et � un degr� moins violent, l�Alg�rie et le Maroc, font face � de v�ritables protestations citoyennes dans certains cas, insurrectionnelles dans d�autres, il faudrait peut-�tre examiner ce qui a amen� les peuples de ces pays, qui ont en commun la pauvret�, un ch�mage massif, la pr�carit�, des in�galit�s sociales criantes, la corruption, le despotisme et l�autoritarisme, � se r�volter au lieu d�y voir la main de l�imp�rialisme, d�autant que tous ces pays �taient (et sont encore) sous son joug ! La pr�sence de la Tunisie et de l�Egypte au sommet du G-8 va faire grincer bien des dents en Alg�rie. Pourquoi le cacher ? Abdelaziz Bouteflika n�en a-t-il pas r�v� ? En qu�te de reconnaissance, durant son premier mandat, il avait multipli� les voyages � l��tranger, participant � des rencontres internationales � Crans Montana en Suisse � acceptant l�invitation du lobby juif am�ricain o� il avait prononc� un discours (retransmis int�gralement alors par l�ENTV) � fait �tat des 170 milliards de dollars de r�serves de change pour faire partie du G-20 � R�sultat : l�Alg�rie ne compte pas. Venons-en � la Tunisie et l�Egypte pour signaler que sans cette intervention populaire qui a mis � bas des r�gimes dictatoriaux, ces deux pays n�auraient jamais �t� invit�s au sommet du G-8. On les aurait laiss�s tranquillement dans leur petit coin r�gional ! Sans aller jusqu�� tirer des plans sur la com�te � car les forces r�actionnaires et conservatrices n�ont encore abdiqu� ni en Tunisie ni en Egypte � une chose est certaine : la donne a chang�, plus rien ne sera comme avant apr�s que les peuples auront retrouv� la libert� de parole. Mais pour l�heure, sur fond d�attentes sociales tr�s fortes, ces pays font face � des difficult�s socio�conomiques telles qu�elles peuvent faire capoter le processus en cours. En Egypte, les besoins de financement pour relancer la machine �conomique se situent autour 12 milliards de dollars. Des n�gociations sont en cours avec le FMI pour une aide de 3 � 4 milliards et la Banque mondiale pour 2,2 milliards. En Tunisie, le nombre de touristes a chut� de 46%, le manque � gagner est de 2,2 milliards de dollars. De ce fait, la croissance �conomique pourrait se situer entre 0 et 1%. Le ch�mage, 13% en 2010, atteindrait les 20% en 2011.Raisons pour lesquelles le 17 mai dernier � Tunis, 21 �conomistes de renomm�e internationale dont le prix Nobel d��conomie Joseph Stiglitz ont appel� le G-8 afin d��viter que �la Tunisie n�entre dans un cercle vicieux : pauvret� et augmentation du ch�mage entra�nant une augmentation du populisme et de l�extr�misme qui, � leur tour, conduisent � l�isolationnisme et, de l�, � l�accroissement de la pauvret� et du ch�mage�. Alors pourquoi ne pas commencer par effacer la dette des deux pays ?