“Plus d'une centaine d'enfants issus de parents mixtes sont enlevés chaque année. Ce phénomène prend de l'ampleur en Algérie. On ne peut pas avoir des statistiques fiables, mais seulement les données des parents victimes qui déposent une plainte aux services consulaires”, a annoncé Nadia Aït Zaï, juriste et présidente du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef). C'était avant-hier, dans le cadre d'une table ronde sur la lutte contre l'enlèvement d'enfants, organisée par l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Et d'ajouter : “Une convention des parents mixtes et séparés existe entre l'Algérie et la France sur la gérance des procédures transfrontières sur le droit de garde de l'enfant, mais cela est différent une fois sur le terrain pour localiser l'enfant.” Cette convention des parents mixtes entre les deux pays a été signée durant les années 1980, grâce à plusieurs mères qui se sont battues pour retrouver leur progéniture enlevée par le père. “Le plus grand taux d'enlèvements d'enfants est celui des divorces algéro-français ; la plupart de ces rapts sont commis par des pères qui décident de retourner dans leur pays”, a souligné Mme Aït Zaï. Sur ce phénomène, engendré par l'importance du nombre d'émigrants vers la France, une cinquantaine de dossiers sont traités en permanence au consulat français à Alger. “Nous avons une cinquantaine de familles victimes. Nous aurons une vingtaine de plus d'ici la saison estivale. Les vrais chiffres sont plus conséquents, il faut compter le double, car la plupart ne s'adressent pas aux services consulaires”, a signalé, pour sa part, une représentante du consulat français à Alger. Constatant le nombre croissant d'émigrants algériens vers des pays étrangers, les kidnappings s'exercent depuis ces dernières années dans les quatre coins du globe, notamment en Angleterre, au Danemark, en Allemagne, en Italie, aux Etats-Unis et même au Maroc et en Irak. “Nous avons installé un réseau de numéro vert international sur les mariages mixtes relié à tous ces pays qui nous ont signalé plusieurs cas”, a précisé Abderrahmane Arrar, président du Réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant (Nada). L'enfant est souvent l'otage de ses propres parents et se retrouve dans une situation qui le dépasse. “Il faudrait intégrer une médiation familiale internationale pour un accompagnement psychologique et juridique aux parents. Il faut donner la parole aux enfants. Il faut dépasser la question juridique”, propose Doria Merabtine, chargée de la protection de l'enfant à l'Unicef.