Les 114 travailleurs de Taleza Lièges sont sans salaire depuis huit mois. Cette entreprise, doyenne des entreprises économiques de la région et exportatrice de divers produits de transformation de liège, vit des moments difficiles depuis une dizaine d'années. Depuis qu'elle est tombée dans le processus infernal d'assainissement des entreprises publiques, elle accumule des déficits pour arriver jusqu'à 5 milliards de centimes, particulièrement les dettes relevant de la CNAS, poussant cette dernière ainsi que d'autres clients à lui bloquer les comptes bancaires. Pour les représentants du syndicat qui se sont rapprochés de notre bureau, cette entreprise, qui exporte le bouchon naturel, le boudin, le liège d'isolation et les rondelles, ne souffre pas du problème de commercialisation mais d'une concurrence déloyale, selon leurs dires, de certains transformateurs privés qui trouvent des facilités pour acheter leurs produits à bas prix. Ils disent que le seul marché de l'ONCV, qui achète leurs bouchons en deuxième main, suffira pour redresser la situation financière de cette entreprise, la seule d'ailleurs qui subsiste dans la région de Collo. Un plan de développement, notamment concernant l'acquisition d'un équipement neuf pour la relance des activités de Taleza Lièges, a été proposé en mars 2011. Il connaît le même sort que les plans de relance et de redressement déjà lancés auparavant, soit l'attente éternelle. Ces travailleurs comptent beaucoup sur les décisions que prendra la tripartite car ils n'ont plus confiance dans l'encadrement au niveau de cette entreprise. En effet, le PDG, le chef du personnel, le chef de service commercial et le chef de production, soit les piliers de cette entreprise, sont des retraités qui "touchent leur retraite chaque fin de mois contrairement à nous qui n'avons pas d'autres ressources", nous diront des travailleurs de cette entreprise. Pis, ils disent qu'ils n'ont pas bénéficié d'augmentation de salaire depuis 1999, car l'entreprise est déficitaire. Ils imputent cela à "un encadrement qui manque de motivation". Les représentants des travailleurs se sont même déplacés à Alger pour rencontrer le PDG du groupe EAGR, dont Taleza Lièges est une filiale, mais en vain, "sous le fallacieux prétexte que le PDG était en mission", nous indiquera un syndicaliste. Dès lors, les travailleurs ont tenu une AG et un préavis de grève a été remis aux concernés.