En dépit de son fort potentiel et les innombrables opportunités d'investissement qu'elle renferme, l'industrie du liège ne cesse pas de s'enfoncer dans un cycle de piètres résultats ces dernières années. Certes, l'Algérie est classée troisième producteur mondial de liège, après le Portugal et l'Espagne, mais, étant sous-exploitée, cette branche d'activité est loin de jouer le rôle qui est censé être le sien dans l'économie forestière et agricole. Du point de vue des capacités de production confirmées, selon les différentes statistiques établies par les services du ministère de l'Agriculture et de la direction générale des forêts, l'Algérie dispose de plus de 400 000 ha de chêne-liège pour une production annuelle moyenne estimée à 300 000 q de liège brut. Mais les niveaux de production effectivement atteints ces dernières années sont non seulement en-deçà des attentes, mais aussi subissent une régression continue. La production moyenne de liège brut qui avoisinait les 80 000 q au début des années 2000 n'a été que de 51 000 q en 2009. En tout cas, l'état général de cette branche laisse constater que depuis l'indépendance, la production de liège dépérit à travers les décennies. La superficie totale de 426 000 ha occupée par le chêne-liège en 1955 n'est que de 230 000 ha en 2007, selon les services de la DGF. «Le recul de la production de liège s'est relativement accéléré avec l'avènement des années 1990 à cause, principalement, de la dégradation massive des surfaces de chêne-liège exploitées», reconnaît un représentant du service des productions végétales auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Toutefois, il y a une forte possibilité d'augmenter considérablement le potentiel de production de liège avec «la mise en valeur de certains sites qui ne le sont pas jusque-là et d'en améliorer les voies d'accès dont un plan d'action vient d'être mis en œuvre à cet effet», a-t-il ajouté. Des récoltes abandonnées à cause du terrorisme Depuis le début de la crise sécuritaire et l'apparition du fléau de terrorisme, d'importants massifs forestiers sont abandonnés et le liège non récupéré. Pour la seule wilaya de Tizi Ouzou, où la production de liège se concentre particulièrement dans les massifs de Yakourene et de Mizrana, le conservateur des forêts a fait savoir dans une précédente déclaration qu'une grande partie de la production de liège n'a pu être récoltée depuis plusieurs années. «Aucune entreprise ne peut s'aventurer dans ces massifs infestés de groupes terroristes pour la récolte de liège», dira-t-il. Tandis que les incendies restent en tête des facteurs contribuant à la dégradation du potentiel national de chêne-liège avec des pertes annuelles atteignant jusqu'à 10% des surfaces forestières. Comme source d'entrées en devise, il faut noter que le liège est l'un des rares produits hors hydrocarbures que l'Algérie parvient à exporter avec une valeur moyenne annuelle équivalent 300 millions de dinars, selon les statistiques fournies par la direction générale des forêts. Les clients habituels qui importent le liège algérien sont la France, l'Espagne et les Etats-Unis. Outre la production brute, la transformation de ce produit à travers les unités industrielles de liège relevant du secteur public, au nombre de six et concentrées dans les wilayas du centre et de l'est du pays, comme Béjaïa, Jijel et Skikda, elle aussi, a du mal à s'inscrire dans un cycle de croissance. Les principaux produits issus de la transformation de liège sont, entre autres, les bouchons pour divers types de bouteilles, le liège aggloméré, le polystyrène et autres produits d'étanchéité. Enfin, il est utile de noter que le potentiel de production de liège brut en Algérie, qui correspond à une superficie de chêne-liège de plus de 400 000 ha, est censé donner une production théorique de plus de 300 000 q par an. Mais dans la réalité, la production moyenne ne représente que près de 25% de ces capacités, soit une moyenne de 80 000 quintaux/an.