Les accusations du général major à la retraite n'ont suscité aucune réaction officielle. Au ministère des Affaires étrangères, on nous demande d'attendre le retour du concerné de sa tournée asiatique avec le Président. La gravité des accusations du général à la retraite, Khaled Nezzar, contre Abdelaziz Belkhadem auraient dû provoquer la réaction des plus hautes autorités du pays. Une réaction à la mesure de la fonction de ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères. Mais, rien de tout cela. Le département qu'il dirige a préféré ne pas répondre à la place du concerné qui est actuellement en déplacement avec la délégation qui accompagne le président de la République dans son périple asiatique. C'est le mutisme total de la part et de la présidence de la République et du gouvernement, même si les accusations qui accablent Abdelaziz Belkhadem sont antérieures à la fonction qu'il occupe actuellement. La mort du fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Sallah Fellah, tué le 7 décembre 1993 devant son domicile à Saoula par un groupe terroriste, est explicitement liée par Khaled Nezzar dans l'entretien qu'il a accordé au Soir d'Algérie, avant-hier, au rapport adressé par Sallah Fellah à sa hiérarchie sur l'intelligence de Abdelaziz Belkhadem avec l'Iran. Le général à la retraite affirmait bien que ledit rapport mettait bien en cause le chef de la diplomatie algérienne. Cela dit, quelques jours après sa rédaction, le fonctionnaire en question a été assassiné. Mais, avant d'arriver à établir le lien entre les deux évènements, Khaled Nezzar a tenu à faire apparaître la complicité de Belkhadem en affirmant que “le bureau de l'ambassade d'Iran était transformé en un endroit de rencontres, fréquenté même par l'ancien chef terroriste des groupes islamiques armés (GIA) Cherif Gousmi et consorts”. Le général à la retraite voulait certainement mettre en exergue le fait que l'actuel chef de la diplomatie algérienne et ces derniers fréquentaient le même lieu. À l'époque, l'information sur l'assassinat du fonctionnaire était passée presque inaperçue. Au lendemain de l'attentat qui l'avait ciblé, les titres de la presse nationale s'étaient contentés de reprendre le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Pour rappel, Sallah Fellah n'est pas mort sur le coup. Il a été transféré à l'hôpital Aïn Naâdja où il a succombé à ses blessures. L'édition de journal Liberté, du 8 décembre 1993, écrivait que le diplomate a été touché à la tête par trois balles. Rien de plus. Le défunt, qui a été inhumé au cimetière El-Alia, avait occupé dans les années 1980 le poste d'ambassadeur d'Algérie au Burundi, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Tchad. Auparavant, il avait exercé comme conseiller auprès des ambassadeurs d'Algérie à Madrid et à Genève. Dans les années 1960, il a été professeur de lettres avant de se lancer dans le journalisme. Sallah Fellah est aussi l'auteur d'un roman qu'il a publié durant la même période, sous le titre Les barbelés de l'existence. Son œuvre était un hommage aux artisans de la libération de l'Algérie. 13 ans après son assassinat qui était passé presque inaperçu, n'ayant pas fait la une des journaux, les circonstances de sa mort sont exhumées pour faire l'actualité ces jours-ci à la faveur des révélations du général à la retraite, Khaled Nezzar. SaId Rabia