«La position de l'armée, à propos du Sahara, est celle de l'Etat algérien.» La visite du général-major Mohamed Lamari aux 2e et 3e Régions militaires, effectuée il y a un peu plus d'une semaine, a failli passer inaperçue, du fait de la guerre en Irak qui agite l'actualité nationale et internationale. Profitant de ses visites d'inspection dans les régions militaires, il a passé en revue, avec les cadres militaires locaux, l'état d'avancement des exercices de combat des troupes, la formation et la disponibilité tant des hommes que de l'équipement, l'entretien de matériel, la lutte antiterroriste, la transmission, l'état d'esprit et la discipline des soldats. A la faveur de la polémique créée par le général à la retraite Khaled Nezzar concernant le problème du Sahara occidental, le patron de l'ANP est revenu sur la question en clarifiant, une fois pour toutes, la position de l'armée, et «qui est, en fait, la position politique officielle de l'Etat algérien». En d'autres termes, «la position de l'ANP est celle exprimée», à diverses reprises et dans tous les forums internationaux «par le Président de la République». Quant aux propos du général à la retraite Khaled Nezzar, ils ne peuvent constituer, au plus, qu'«un avis personnel qui ne concerne directement que lui». Il y a un peu plus d'un mois, Khaled Nezzar avait provoqué un tollé général en déclarant, dans les colonnes de La Gazette du Maroc que «cette affaire (la question du Sahara occidental, ndlr) ne doit plus diviser les deux pays voisins», et que l'Algérie n'a pas besoin d'un nouvel Etat à ses frontières. Quelques jours plus tard, il confirme ses propos dans les colonnes d'un quotidien algérien, en fustigeant au passage les «politiques qui n'ont jamais su trouver une solution à ce problème». Loin de ce magma qui bouillonnait à tout bout de champ, la position officielle de l'Algérie a été exprimée par Abdelaziz Bouteflika, en diverses occasions, notamment à Washington, lors du débat organisé en juillet 2001 par Carnegie Endocument for International Peace et Africa Society. Le Président algérien, qui répondait à la presse, a souligné que la question du Sahara occidental «fait du surplace» et que l'Algérie réaffirme «le rejet des dernières propositions de James Baker», qui semblent «s'inspirer des propositions de la partie marocaine». «L'Algérie, qui n'a pas de revendication, ne saurait accepter cet écart par rapport au plan de paix ou au plan Houston», avait-il martelé alors, jugeant que «s'il y a accord entre les deux parties (Polisario-Maroc), l'Algérie bénira une solution mutuellement acceptable, car l'Algérie cherche une solution qui soit acceptée par les deux parties en conflit». De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Belkhadem, a renouvelé la position de l'Algérie, lors de la conférence de presse organisée au Centre d'accueil de la presse étrangère à Paris, en juillet 2002, en réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination conformément à l'article 15-14 des Nations unies (déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés). Privilégiant une solution référendaire ou négociée, la position de l'Algérie, ajoutait le ministre d'Etat, n'a pas changé depuis son arrivée à l'Organisation des Nations unies en 1962, concernant le droit des peuples à s'autogérer. Voilà, donc, le turbulent général Nezzar remis aux lignes officielles et directrices de la diplomatie algérienne concernant l'épineux problème sahraoui. Si le général-major Mohamed Lamari a tenu à clarifier la position officielle de l'institution militaire sur la question sahraouie, c'est d'abord pour éviter tout amalgame entre un avis personnel et une position officielle de l'ANP, ensuite pour mettre le holà aux polémiques qui ont suivi les déclarations tonitruantes de Nezzar, et enfin, pour confirmer que le Président de la République est, seul, autorisé à engager l'Algérie dans une voie diplomatique ou une autre.