La question qui se pose est de savoir quelle sera la réaction du cercle présidentiel. La sortie du livre du général à la retraite, Khaled Nezzar, est vue par de nombreux observateurs de la scène nationale comme l'un des actes politiques majeurs qui annonce la prochaine campagne électorale pour la présidentielle de 2004. Pour l'heure, aucune autorité proche du chef de l'Etat n'a tenu à s'exprimer sur un ouvrage qui, vraisemblablement, dérange. En effet, le livre de Khaled Nezzar dresse un tableau noire de la mandature de Bouteflika. Avec force détails, le général à la retraite dissèque la démarche du chef de l'Etat et le charge de mots qui, parfois, frisent la diffamation, voire l'insulte. L'ancien ministre de la Défense dénude la personnalité du président de la République et porte un jugement assez dur sur la personne du chef de l'Etat. La récente sortie de Nezzar est en fait une première dans les annales de la politique algérienne. Il pose un réel problème à l'entourage du chef de l'Etat qui, après avoir réussi à interdire sa publication par des maisons d'édition nationales, se doit de gérer les conséquences néfastes qui peuvent découler quant à l'image de marque du président de la République qui, dans les propos de Nezzar, s'en trouve sérieusement malmenée. La question qui se pose est de savoir quelle sera la réaction du cercle présidentiel à ce brûlot. En effet, même si l'attaque prend des allures essentiellement politiques et ouvre le débat sur le bilan de Bouteflika à la magistrature suprême, il n'en demeure pas moins que, sous certains aspects, le général à la retraite a lourdement insisté sur le caractère familial de la gestion des affaires de l'Etat. Dans le livre, un juriste averti trouvera d'innombrables phrases susceptibles de justifier la saisine de la justice pour diffamation. De nombreux observateurs se demandent si le président de la République s'en remettra à la justice comme il l'a fait pour les titres de presse privés qui sont actuellement sous le coup de poursuites judiciaires au motif de diffamation contre l'institution présidentielle. Pour l'heure, la seule réaction officielle est venue du chef du gouvernement qui a reconnu à Nezzar le droit d'exprimer son opinion sur la démarche du chef de l'Etat. Ouyahia n'a pas omis de rendre hommage au combat de l'homme qui, dira-t-il, a été de ceux qui ont sauvé l'Algérie du désastre intégriste. C'est justement le passé récent du général à la retraite qui semble plaider en sa faveur et donne plus de résonance à «ces coups de gueule». De par les fonctions qu'il occupait en janvier 1992, l'homme force le respect de ses pairs et passe pour être une personnalité qu'on ne peut pas traîner devant les tribunaux, sans courir le risque d'entrer dans une polémique qui peut aisément tourner à son avantage. Aussi, contrairement aux écrits journalistiques actuellement sous pression de la justice, il est autrement plus difficile de réserver le même traitement à l'ouvrage de Khaled Nezzar. Le chef de l'Etat osera-t-il passer à l'acte et actionner la machine judiciaire? Rien n'est moins sûr.