Le nouveau patron de l'Africom, le général de corps d'armée, Carter F. Ham, est venu débattre avec les responsables algériens des risques qu'encourent les régions du Maghreb et du Sahel au lendemain des soulèvements en Tunisie et surtout en Libye. Le commandant de l'Africom est formel au sujet des accusations portées contre l'Algérie, concernant l'envoi de mercenaires en Libye. “J'ai déjà lu des rapports. Je vais essayer d'être aussi clair que possible : je n'ai rien vu d'officiel ou de rapports au sujet d'envoi par l'Algérie de ‘combattants' en Libye. C'est tout à fait le contraire. L'Algérie a toujours appuyé la sécurité et la stabilité régionales et a toujours lutté contre le terrorisme. Mais comme c'est le cas pour la circulation des armes en Libye, il existe une circulation de ‘combattants'. C'est pourquoi j'insiste sur le renforcement de la sécurité aux frontières”. Le général de corps d'armée n'a pas manqué de revenir sur les divergences entre Alger et Washington au sujet du règlement de la crise en Libye. “Nos discussions (avec les responsables algériens, ndlr) ont beaucoup porté sur la situation en Libye. Pour être franc, je n'ai pas tenté de convaincre mes interlocuteurs de l'action américaine. Il y a consensus sur la finalité de la situation en Libye : la Libye doit rester un pays intact et c'est au peuple de choisir son gouvernement. Bien sûr, il peut y avoir des divergences sur les moyens d'y parvenir. Le vrai défi pour la communauté internationale est de savoir quel est le meilleur moyen de parvenir à notre finalité. La position américaine est claire : M. Kadhafi doit partir”. Pour sa première visite en Algérie, le commandant de l'Africom s'est dit “fier des relations qu'entretiennent les deux pays” et n'a pas manqué de louer la qualité et l'efficacité de la coopération entre Alger et Washington. Le général de corps d'armée a tenu à saluer le combat de l'Algérie contre le terrorisme “et elle le fait de manière très efficace”, il a rendu hommage à la mémoire de ceux qui sont morts dans cette lutte. Tout en saluant le niveau des débats qu'il a eus avec ses interlocuteurs algériens, il a tenu à qualifier ces discussions de “franches et directes”. Le commandant de l'Africom s'était entretenu avec MM. Abdelkader Messahel, Abdelmalek Guenaïzia et Rezzag Bara, avant d'être reçu par le président de la République. Au menu des entretiens : les préoccupations sécuritaires auxquelles les pays de la région font face, lesquelles préoccupations sont partagées par les Etats-Unis, notamment en ce qui concerne la prolifération des armes en Libye qui peuvent tomber entre les mains d'Al-Qaïda. Ces préoccupations appellent à une coopération de tous les pays de la région. Le commandant de l'Africom a tenu à apporter le soutien de son pays aux efforts des pays du Sahel (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) dans leur action commune en vue de lutter contre le terrorisme. Tout en réitérant la disponibilité de son commandement à apporter l'assistance nécessaire à ces pays, le patron de l'Africom a estimé que la lutte antiterroriste n'est pas seulement l'affaire des militaires. Tout en admettant que la position américaine concernant le conflit libyen (exigence du départ de Kadhafi) n'est pas partagée par l'Union africaine, le commandant de l'Africom a affirmé que “nous n'allons pas utiliser la force militaire pour attaquer Kadhafi”. Il a tenu à préciser que les frappes de l'Otan ont porté leurs fruits, puisque les capacités militaires du régime libyen ont été sérieusement dégradées, de plus l'établissement d'une zone d'exclusion a privé le régime de Kadhafi de s'approvisionner en armes. Le général de corps d'armée n'a pas omis de souligner que de nombreux officiers libyens ont déserté les rangs de l'armée. Il a, toutefois, exclu, pour le moment, une intervention au sol de troupes. Pour lui, l'Africom se projette déjà dans l'après- Kadhafi et étudie déjà les actions à entreprendre une fois le conflit résolu. Enfin, il y a lieu de rappeler que la coopération militaire entre l'Algérie et les Etats-Unis d'Amérique s'amplifie d'année en année. Les Américains ont débloqué 870 000 dollars pour la formation au profit d'officiers algériens en 2009. Pour l'année 2010, 950 000 dollars ont été octroyés dans le même cadre. La coopération bilatérale n'a pas cessé de croître ces dernières années, avec des exercices communs, l'accostage de navires des Forces navales et des garde-côtes américains dans les ports algériens.