Le commandant du commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom), le général de corps d'armée Carter F. Ham a affirmé hier à Alger qu'il n'existait pas de mercenaires envoyés par l'Algérie en Libye. «Je n'ai rien vu d'officiel ou de rapports qui fassent état d'envois par l'Algérie de mercenaires en Libye», a déclaré le général Ham lors d'une conférence de presse organisée hier à l'ambassade des Etats-Unis. «C'est même tout à fait le contraire, dès lors qu'il est notoire que l'Algérie a toujours appuyé la sécurité régionale et aussi la lutte anti-terroriste pour prévenir et empêcher qu'il y ait des mercenaires ou bien un mouvement de personnes et d'armements dans la région», a-t-il ajoutéUne telle déclaration est-elle à même de tempérer les ardeurs velléitaires des marocains, qui, en manipulant le Conseil national de transition (CNT) libyen, accusent l'Algérie de fournir les partisans de Mouammar Gueddafi en miliciens ? En tout état de cause, la déclaration du responsable de l'Africom sonne comme un franc désaveu à la campagne d'intox et de désinformation que mènent les services du Makhzen en voulant faire croire par des arguments farfelus que l'Algérie envoie des combattants pour soutenir le régime d'El Kadhafi.Jugeant ces accusations sans fondement, l'Algérie officielle a observé un silence, que les manipulés du CNT, et derrière eux, les marocains se sont empressés d'interpréter comme une reconnaissance tacite de leurs «révélations». Cependant, face à l'insistance de ces accusations et la multiplication des déclarations à travers les médias, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, ne pouvait demeurer silencieux plus longtemps d'autant que l'affaire prenait davantage de l'ampleur. Il a donc lui aussi multiplié les sorties et les déclarations infirmant toute implication de l'Algérie dans le conflit libyen, et niant de la manière la plus formelle, qu'Alger ait envoyé des «mercenaires» pour soutenir Kadhafi dans sa guerre avec les insurgés. Le Royaume de Mohamed VI saura-t-il prendre acte de cette mise au point déjà précédée par un autre démenti fait, quelques heures auparavant - par un ancien conseiller du frère de John Fitzgerald Kennedy (JFK), et accusant ouvertement des lobbys américains de soutenir le Maroc dans cette campagne de dénigrement visant l'Algérie ?Le responsable de l'Africom a, en revanche, reconnu l'existence d'un «mouvement libre» de mercenaires «vers et à partir de la Libye». Pour contrecarrer ce genre de mouvements, le général Ham a relevé l'importance d'une approche régionale entre les pays concernés qui viserait, a-t-il dit, à renforcer le contrôle aux frontières et à lutter plus efficacement contre les menaces terroristes.Au sujet de l'armement, objet de grande inquiétude pour les pays frontaliers de la Libye et notamment l'Algérie, le commandant de l'Africom a noté que la préoccupation des partenaires dans la région concernant la «prolifération» des armes en provenance de Libye et qui peuvent aller à d'autres pays ou tomber entre les mains d'El Qaïda est également celle des Etats-Unis. «Pour faire face à cette prolifération, les efforts et la coopération de tous sont nécessaires», a-t-il dit, soulignant avoir pris note des rencontres ayant eu lieu entre l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger pour discuter de cette question. Pour l'heure, les Etats-Unis songent à trouver les formes d'aides qui seraient utiles à ces pays, lesquelles aides pourraient porter sur deux volets : les échanges de renseignements ou l'assistance technique. Y. D.