Le litige entre les actionnaires de la banque d'affaires privée AIB semble s'inscrire dans la durée, malgré la mise sous administration provisoire de cette banque, depuis janvier 2002. M. Bousbia Naâmane, qui occupait avant l'arrivée de l'administrateur provisoire le poste de PDG à l'AIB, s'est déplacé au siège du journal pour donner sa version des faits, suite au conflit qui l'oppose à d'autres actionnaires. D'emblée, il s'est dit “convaincu de la volonté de certains à tout mettre en œuvre pour détourner cette banque, en déstabilisant l'actionnariat”. Nous avons posé la question à notre interlocuteur : “êtes-vous toujours PDG de cette banque ?” Il répondra : “Depuis l'installation de cet administrateur, on me considère ex-PDG.” Et de s'interroger : “Est-ce légal que, du jour au lendemain, on devient ex-actionnaire ? La réglementation doit être clarifiée à ce sujet.” Il estime que “c'est à la justice de trancher”, d'autant que, poursuit-il, “personne n'a le droit de changer ou de modifier l'actionnariat. Qui a donné des instructions à l'administrateur et a-t-il le droit ?” Bousbia précise : “Si c'est la commission bancaire qui est derrière ces instructions. Eh bien, qu'elle le fasse par écrit !” S'agissant de la gestion de l'AIB que des rapports d'inspection de la Banque d'Algérie considèrent à la limite de la catastrophe, M. Bousbia s'en défend “par les chiffres”. “En 2001, j'ai dégagé un résultat positif de plus de 14 millions de DA, une rentabilité de plus de 21%”. Selon lui, “aucune banque d'affaires ne peut se targuer, en un laps de temps, de réaliser des bénéfices similaires”. Et de signaler : “Je suis un authentique banquier. Ce n'est pas par hasard que j'ai atterri dans le monde de la finance. Ce n'est pas aujourd'hui que de nouveaux venus viennent remettre en cause ma gestion ou mon bilan qui a été certifié sans réserves. Et d'ailleurs, il a été publié.” Pour lui, sa gestion “ne souffre aucune irrégularité et tous les crédits octroyés l'ont été suivant de bonnes règles prudentielles”. Notre interlocuteur conteste ainsi les observations de la mission d'inspection de la Banque d'Algérie qui a, rappelons-le, dernièrement appelé les actionnaires à recapitaliser leur banque. Pour sa part, l'administrateur que nous avions interrogé avait déclaré que sa mission était remplie et que la cessation de paiement était écartée. Sur ces points, M. Bousbia oppose une tout autre lecture, car il considère : “C'est aujourd'hui que la Banque est en cessation de paiement. Cet administrateur, au lendemain de son arrivée, a commencé par distribuer du crédit.” Et d'observer : “Avait-il ce droit, alors que ce n'est pas sa banque ?” À cela, l'administrateur avait répondu qu'il fallait maintenir l'activité de l'AIB et la sortir de la “zone rouge, conformément aux orientations de la Banque d'Algérie”. Ce même administrateur nous dira que de nouveaux organes de gestion ont été installés, avec la désignation d'un nouveau président du conseil d'administration. Cette nouveauté témoigne, selon M. Bousbia, de la stratégie qui vise “à détourner la Banque qui était en fait en bonne santé et bien structurée”. “Aujourd'hui, il n' y a ni client ni personnel et encore moins de structures”, signale-t-il. L'un des actionnaires contactés nous a déclaré que la recapitalisation a commencé, “puisque nous avons commencé à verser les fonds nécessaires à cette fin”. Le reste, c'est-à-dire le devenir de cette banque qui aspire, selon certains documents, à changer de statut et de capital, sera plus perceptible dans les prochains mois. A. W.