L'impression qui se dégage est que le pouvoir cherche à gagner du temps et à faire de la commission Bensalah une sorte de défouloir, pour éviter que la rue ne soit le seul et ultime recours. Les journées s'égrènent et la commission Bensalah poursuit ses audiences avec ceux qui voudraient bien faire partie de la machine mise en branle par le président Bouteflika en vue de parvenir aux “réformes profondes” promises. L'initiative ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique. Les uns lui reprochent d'être un appendice du pouvoir et pensent qu'il serait illusoire de croire à un changement venant de l'intérieur de ce pouvoir. Le conseiller du président Bouteflika, Mohamed-Ali Boughazi, a exclu, en début de semaine, toute idée d'organisation d'une conférence nationale à l'issue des consultations. La commission se contentera de transmettre les propositions au président de la République, et ce dernier tranchera, en définitive. Bien avant l'entame des consultations, des partis de l'opposition, à l'instar du FFS ou du RCD, ont décidé de boycotter ce cérémonial. D'autres personnalités ont fait de même, à l'image de Abdelhamid Mehri, ou de Me Bouchachi, de la CNCD. Au fur et à mesure que la commission Bensalah recevait ceux qui voulaient bien se prêter au jeu, des personnalités annonçaient, par voie de presse, leur refus de prendre part à ces consultations, à l'image de l'ancien Chef du gouvernement, Mokdad Sifi, ou encore, le fondateur d'El-Islah, Abdallah Djaballah. D'autres personnalités devraient manquer à l'appel, à l'image de l'ancien membre du HCE, Ali Haroun, et, probablement, l'ancien Chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche. Curieusement, même ceux qui ont décliné l'invitation de la commission Bensalah ont, tous, fait des propositions publiées dans la presse. Une façon de prendre part au débat, sans la présence physique ! Les audiences de la commission Bensalah, qui devraient se poursuivre jusqu'à la fin du mois de juin, pour être clôturées par le passage du patron du FLN, devraient connaître d'autres défections, notamment de la part des personnalités politiques. Du coup, la commission fait dans le remplissage en conviant des associations et des syndicats, pour donner l'impression que toutes les franges de la société sont impliquées. Or, l'impression qui se dégage de la plupart des audiences est celle d'un pouvoir qui bavarde avec sa clientèle sans grande conviction. Pourtant, ce ne sont pas les idées sérieuses qui manquent. Qu'elles émanent de la clientèle du pouvoir ou de l'opposition, certaines idées avancées jusque-là méritent qu'on les prenne au sérieux. Seulement, l'impression qui se dégage des consultations actuelles est que le pouvoir cherche à gagner du temps et à faire de la commission Bensalah une sorte de défouloir, pour éviter que la rue ne soit le seul et ultime recours. La commission Bensalah, dont la seule mission est de servir de vaguemestre, pourrait comptabiliser, en fin de mission, le nombre de convives, en essayant de noyer celui des absents dans un océan d'associations budgétivores et autres partis qui n'ont que des agréments comme faire-valoir. Le seul mérite de cette séance de consultations c'est d'avoir permis à bon nombre d'Algériens, dans la périphérie du pouvoir, ou dans l'opposition, de s'exprimer publiquement sur la nature des changements à apporter.